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Interview : Claude Leroy

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La nouvelle saison reprend, les bonnes habitudes aussi. C’est pourquoi nous avons rechercher notre Dictaphone dans nos affaires d’été (coincés entre le masque de plongé et le maillot de bain à fleur) et nous sommes aller voir le nouveau venus chez les dirigeants strasbourgeois, j’ai nommé : Claude Leroy.

Le Goujon Frétillant : Avez-vous toujours eut de bons rapports avec les supporters ?

Claude Leroy : J’ai toujours eut de bons rapports où que ce soit parce que j’ai toujours considéré qu’il y avait deux courroies essentielles dans la vie d’un club professionnel ; c’était les joueurs et les supporters et sans eux il n’y a pas de professionnalisme. A partir du moment où on a un infini respect pour les supporters parce qu’on ne vit de ce métier que grâce à eux je pense que très vite ils comprennent qu’on a besoin d’eux, qu’eux ont besoin de nous et que les relations sont en général les plus cordiale possible.

GF : Quelles étaient vos relations avec les supporters parisiens et les groupes ultras (Boys, Supras, etc…) en particulier ?

CL : Je n’ai jamais eut de problème particulier avec les supporters parisiens ou leurs représentants que je rencontrais tous les jours au camp des loges. On a toujours essayé de travailler en bonne intelligence même si je ne peux jamais cautionner les tendances quelques fois un peu inquiétante d’une infime minorité d’entre eux.

GF : Faites-vous la différence entre supporters dits “ ultras ” et supporters dits classiques ?

CL : Pour moi “ ultra ” cela veut dire ultra passionné, je ne cherche pas une autre connotation que celle-là je crois que si l’on veut aller à l’extrême c’est dans la passion et dans l’amour que l’on a pour un club et il faut toujours savoir jusqu’où ne pas aller trop loin.

GF : Pensez-vous que ce mouvement de supportariat (les ultras), qui ont une attitude disons un peu particulière, excessive et passionnée, soit nuisible pour un club ?

CL : Qu’est-ce que vous appelez une attitude particulière ?

GF : Ce n’est pas comme les supporters classiques : je suis content, je m’assois et je chante, c’est euh…..

CL : Je pense que c’est mieux que les supporters soient des supporters que des spectateurs. On a besoin d’avoir des supporters, pour le moment il faut aussi que ce soit le club qui génère de la passion aux supporters ; pour le moment on ne peut pas dire qu’il y est un effet entraînant de la part du club donc on ne peut pas demander l’impossible aux supporters. Nous avons besoin d’eux : les joueurs ont un besoin extrême de sentir beaucoup de chaleur autour d’eux. Je crois que les supporters souvent ne se rendent pas compte à quel point psychologiquement leurs attitudes a un effet entraînant pour les joueurs et que souvent dans les moments difficiles il faut que les supporters fassent un petit effort. Autant que les joueurs après une défaite doivent aussi ne jamais oublier d’aller remercier les supporters. Ce n’est pas seulement dans les moments de victoires que les relations doivent être bonnes c’est aussi dans les moments difficiles.

GF : Que pensez-vous de la loi Alliot-Marie qui interdit les fumigènes, les mégaphones et les composants de nos animations ?

CL : Moi je suis contre l’interdiction des fumigènes, je suis contre l’interdiction des mégaphones parce que ca trouble..euh….les boissons c’est comme pour tout je pense que ce qui est excessif devient dérisoire et donc il ne faut pas trop interdire : on en crève d’interdiction en interdiction et je pense qu’il faut contrôler la surconsommation d’alcool mais les lois qui ont interdits les publicités sur le tabac et sur l’alcool sont des lois qui ont coûté cher au football et qui aurait pu être maîtrisé autrement.

GF : Que pensez-vous de la transformation des stades en place assise uniquement ?

CL : C’est juste des règles de sécurité mais on peut concevoir que cela ait perturbé des gens qui avaient des habitudes de se regrouper dans un stade : c’est un petit peu la convivialité, l’envie de se retrouver debout comme les supporters de football, tous ensemble. C’est une réglementation qu’il faut respecter et il faut qu’on la respecte même à Strasbourg même si je ne suis pas sûr que aller à l’excès c’était la bonne solution, mais quand on voit la coupe du monde et comme cela c’est passé : il y a eut une superbe ambiance dans tous les stades avec que des places assises on se dit que finalement quand les gens se réhabituent à partager ensemble un moment de loisir et de plaisir assis ; finalement on peut aussi recréer une bonne ambiance. Je crois que ce qu’il faut développer maintenant c’est l’arrêt des barrières métalliques, des grillages, des trucs… ;il faut faire tout ce qui est possible de faire pour rapprocher le supporter du joueur.

GF : Quel est le stade qui vous a fait la meilleure impression en France, en Europe et dans le monde ?

CL : En France, j’ai deux stades que j’ai toujours beaucoup aimé c’est le Parc des Princes et le stade Vélodrome. Ce dernier ancienne formule car je pense que la nouvelle formule a perdu un peu de sa magie pour les joueurs : l’équipe adverse sent moins la pression dans la configuration actuelle qu’avant parce que la façon évasée dans les tribunes fait que le bruit reste moins dans l’enceinte du stade Vélodrome. Mais ce sont deux stades magiques. Moi j’ai toujours eut une formidable passion pour le stade Aztèque à Mexico et pour le Maracana à Rio.

GF : Que pensez-vous du public strasbourgeois en général ?

CL : Le soir du match contre Lyon on a vu que c’était un public merveilleux mais qui a connu beaucoup de déceptions et qui a eut l’impression des fois d’être un petit peu trompé et tout et je crois qu’il faut reconquérir sa confiance c’est pour cela qu’il ne faut jamais, jamais lui raconter de bêtises, faut toujours dire les choses telles qu’elles sont avec un infini respect mais quand je dis qu’il y a une identité football et culturel en Alsace, au moins aussi forte que la Provence vis à vis de l’OM, je suis sûr d’avoir raison. Maintenant il va falloir que petit à petit on bâtisse aussi des équipes à Strasbourg du niveau de celle qu’on put mettre en place l’Olympique de Marseille même si c’est quelque chose de très différent et d’un très haut niveau mais il faut essayer de s’en approcher. Ce sera par étapes avec pour le moment on sait la difficulté de bâtir encore une très grande équipe. On va avoir une année difficile, je l’ai dit depuis le début je n’ai jamais raconté d’histoires.

GF : Pouvez-vous me citer tous les groupes de supporters strasbourgeois et me donner un commentaire sur chaque groupe ?

CL : J’en connais beaucoup, je sais qu’il y a les “ Ultra Boys ”, les UB 40 (NDC : véridique ! Nous sommes donc un groupe de Reggae et également le plus vieux groupe Ultra du monde avec 58 ans !!!), le groupe des plus anciens comment ils s’appellent de nouveau…

GF : Les Blueje Kempfer

CL : Oui ! Non mais je me suis intéressé à la vie des clubs de supporters.

GF : Pouvez-vous faire une comparaison des publics strasbourgeois et parisiens ?

CL : Ici il y a une véritable identité alsacienne alors que Paris c’est une équipe un peu “ people ”, un petit peu show-biz alors que ici quand je vois, au village où j’habite et quand je me promène avec ma femme dans les villages, on sent une véritable passion quelles que soient les tranches d’âges, quel que soit le sexe : des dames d’un certain âge qui m’arrête et qui me disent “alors le Racing…” avec ce superbe accent alsacien alors on sent qu’il y a un attachement terrible à ce club, il faut qu’il y est une identité culturelle derrière ce club c’est pour cela qu’il ne faut surtout pas essayer ni de tromper les gens, ni de les décevoir par des effets d’annonces inutiles.

GF : Que pensez-vous du projet de la super ligue créer par les grands clubs ?

CL : Je suis résolument contre. Je crois qu’il faut peut-être réaménager les coupes d’Europe mais je pense que la super ligue ce serait tuer tous les championnats nationaux donc privilégier quelques grands clubs richissimes au détriment de tous les autres. Je crois que si les américains il faut les copier sur plein de choses faut surtout pas créer une super ligue comme au basket-ball ou au football américain parce que c’est pas du tout la culture latine, ni la culture anglo-saxonne donc il ne faut surtout pas faire n’importe quoi.

GF : Qu’avez-vous pensé de Strasbourg à votre arrivée après la coupe du monde ?

CL : J’ai déjà été émerveillé par les réactions des strasbourgeois, à partir des quarts de finale j’étais là bon je suis parti assister à la finale au stade de France, véritablement il y avait la passion derrière l’équipe de France et tout donc derrière le foot. Ici à Strasbourg même si ce n’était pas une ville de la coupe du monde les gens étaient à peu près concernés. Ce qui m’a le plus étonné : on savait qu’il y avait un amour pour le foot à Strasbourg mais chaque jour je découvre un peu plus, je ne me rendais pas compte que c’était à ce point-là, que le Racing c’était quelque chose d’aussi important pour les strasbourgeois.

GF : Où en êtes-vous dans la recherche du lieu pour le centre de formation ?

CL : On travaille toujours dessus, j’étais en réunion pour trois ou quatre lieues. J’ai rencontré Robert Hermann, l’adjoint au sport, hier matin on est en train de travailler dessus parce qu’il va falloir prendre des décisions rapidement parce qu’après il y aura des appels d’offres donc il y aura beaucoup de temps avant la mise en place des travaux donc on a pas de temps à perdre. Je considère que c’est une urgence pour le Racing de Strasbourg : c’est un de mes grands projets, avec la mise en place d’une équipe, c’est mon seuil de bataille prioritaire.

GF : Strasbourg est-il seulement un club de formation ?

CL : Comme tous les clubs il faut mettre beaucoup d'efforts sur la formation et en même temps s’occuper aussi de joueurs importants, de joueurs leaders dans un groupe qui sont toujours là pour encadrer ceux qui sortent de la formation. C’est là, où on a aussi un travail important à faire.

GF : Qu’est-ce que vous rencontrez comme difficultés quand vous voulez recruter un joueur au Racing ?

CL : On a perdu des joueurs qui m'intéressait, car ils n’ont pas voulu venir à Strasbourg parce que ce n’est pas encore un club porteur. Il faut rendre ce club de plus en plus attractif, les joueurs ont besoin de sentir que véritablement on va franchir des paliers petit à petit.

GF : Comme vous l’avez déjà dit précédemment vous sentez qu’il existe une passion “ Racing ” en Alsace ?

CL : A un point que je ne l’imaginait pas !

GF : Vous vous rendez compte que la passion est plutôt dans le négatif en ce moment ?

CL : C’est toujours les mêmes relations “ amour - haine ”, c’est comme dans la vie : quand on aime de trop et qu'on est déçu, on devient vite agressif, corrosif. Mais si on ne peut pas accepter cela il faut faire autre chose que du football et de sport où on est un personnage public : ce sont les règles du jeu, quand les gens sont déçus ils ont le droit de faire valoir leurs mécontentements. Mais il faut essayer de contrôler ce mécontentement en leur expliquant qu’on bosse pour que petit à petit on réussisse à les satisfaire.

GF : Justement que pouvez-vous dire pour rassurer le public strasbourgeois ?

CL : Rassurer c’est toujours un peu démagogique, j’aimerais leur dire qu’on bosse comme des fous ; c’est un choix que j’ai fait : je ne suis pas venu à Strasbourg parce que j’avais rien d’autre, j’ai pas du tout envie de partir rapidement sous prétexte qu’on me propose mieux ailleurs parce qu’on me proposait beaucoup mieux ailleurs, en parlant en terme financier. Avec Patrick Proisy, qui est mon ami, et qui est quelques fois inutilement attaqué parce que pour lui aussi cela n’a pas été facile dès le départ et qu'il a fallut qu’il découvre ce que c’était un club professionnel. Tant qu’on n'a pas vécu à l’intérieur d’un club pro on peut se tromper. On a envie véritablement d’installer ce club dans la pérennité : de faire un vrai grand club sur la durée même si on sait que cette année sera encore une année difficile.
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