Kaos on the road : Bastia
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Bastia est l’un des déplacements que nous n’avons jusque-là jamais fait (le seul même je crois), et à la vue du calendrier de cette saison, on se dit que aller à Bastia un 6 août, en pleines vacances, est une chance qu’on n’a jamais eu et qu’on enfin pouvoir y aller.
Les discussions et négociations s’engagent rapidement, on apprend le soir du match de Lens (soit une semaine avant Bastia) que le club peut proposer de descendre pour le match en bus, avec le CCS, pour un peu plus de 400 francs. Un peu tard pour réunir les 35 personnes nécessaires prêtes à partir dans 7 jours….
Heureusement, on est 8 à avoir pensé et déjà préparé autre chose : descendre pour le match et en profiter pour passer quelques jours de vacances en Corse.
C’est ainsi que mardi soir, on est 8 à embarquer dans deux voitures. Le recensement de l’INSEE nous subdivise en 3 catégories de personnes : UB90, Furets, et Blue Pirates qui cohabiteront durant une semaine.
Mercredi matin, on s’arrête à Bologne, pour visiter le stade où étaient récemment les Marseillais et Lyonnais. Le stade est impressionnant avec uniquement des places assises de haut en bas en forme ovale, mais malheureusement loin de la pelouse. Visite du stade, quelques photos souvenirs, on se repose et on repart direction Florence. On y déjeune avant d’aller au mythique stade de la Fiorentina. Encore des photos, on admire la statue à l’effigie de Batistuta sous la Curva des Ultras florentins avant de repartir. On regrettera juste de n’avoir pu trouver de boutiques des clubs ou des Ultras pour faire quelques achats. Prochaine étape : Livourne, où on se trouve un camping pour passer la nuit. Le lendemain matin, direction Pise, avec visite de la fameuse tour penchée, encore des photos, visite du stade situé juste à côté et encore des photos ! L’après-midi, on prend le ferry qui nous amène en 4 heures à Bastia.
Encore un camping, la tension monte car le match, apogée de notre semaine, approche. Le vendredi matin, direction la plage (enfin !) pour entamer les tubes de crème solaire.
C’est là que l’on trouve un nom pour nous désigner nous 8 : la Funkel Family. Inutile de chercher d’où ça vient ni ce que cela veut dire, puisque ça vient de nulle part : de Daniel (plus connu sous le nom de Babar) ! Ce n’est là que le début de gros délires au cours desquels nous serons tous funkelisés les uns après les autres….
L’après-midi, on se rend à l’hôtel des joueurs pour y retirer les billets du match et avoir les dernières nouvelles notamment au niveau de la sécurité au stade.
Et là surprise, on nous annonce que comme il n’y a pas de déplacement officiel, rien n’est prévu pour nous accueillir ! Heureusement que le club sait depuis quelque temps qu’on est 8 à venir et que deux personnes du club sont spécialement descendues à Bastia dès lundi pour négocier avec le club corse afin que tout se passe bien… Du coup, on nous prie d’aller au match en touristes, sans écharpes, sans bâches, et de nous placer n’importe où dans le stade. « Hors de question » dit-on alors. On n’est pas venu pour regarder bêtement le match et fermer notre gueule mais pour nous montrer et porter haut nos couleurs.
Pour compliquer le tout, on nous annonce aussi que de toute façon le match est à guichets fermés, car c’est les vacances, il y a plein de touristes, etc… Furiani n’a jamais été à guichets fermés, surtout pas en été, alors il ne faut pas essayer de nous feindre avec ça ! De toute façon Bertin nous donne les billets invitations, avec ça on est sur de pouvoir rentrer au stade. Un rapide coup d’œil et on s’aperçoit que ce sont des billets dans la tribune des Testa Mora !! Ca se corse ... (NDC : le jeu de mot trop puissant ! !). On continue à expliquer qu’on veut un bout de tribune pour bâcher et nous montrer, Claude Leroy appelle alors le président du Sporting Bastia (un ami à lui semble-t-il) pour lui expliquer la situation, avant que M. Cayen (responsable supporters au Racing) nous dit qu’on trouvera une solution qui arrange tout le monde au stade.
On suit alors, pas encore rassurés pour la suite des événements, le bus des joueurs jusqu’au stade, où M. Cayen nous « livre » au responsable sécurité local qui nous donne les consignes à respecter : pas de fumigènes, pas de projectiles lancés, sinon la sécurité corse autour de nous se retire et nous laisse « aux mains des Bastiais »…. Oui m’sieur, on sera gentils, c’est promis ! Il nous confie alors à un steward qui lui nous conduit dans un bloc supérieur à l’extrémité de la nouvelle tribune. Cet emplacement nous est réservé, et on peut y bâcher sans problèmes. C’est ainsi que les bâches Ultra Boys 90, Vieille Garde, Blue Pirates et Section Furet ainsi que le drapeau alsacien sont accrochées et que quelques Strasbourgeois en vacances dans le coin nous rejoignent. Quelques CRS se postent également à l’entrée du bloc.
Le stade Armand Césari est assez indigne d’un club de D1. En effet, à part la nouvelle tribune (construite en béton (!), elle fait un peu penser aux tribunes de Bari et offre une très bonne vue sur le terrain mais est très exposée au vent), le reste est ridicule. On se croirait un peu dans l’ancien stade Bonal, avec des tribunes très basses, de très petite contenance. A l’arrivée, il n’y a que environ 10.000 places à occuper, ce qui n’empêche qu’on n’est loin d’être à guichets fermés, car ayant une vue sur les caisses, on s’aperçoit qu’au moment du coup d’envoi, de nombreuses personnes font encore la queue pour acheter leur billet…
Du côté des supporters Bastiais, il y a donc les Testa Mora, qui sont plus que fantomatiques à part deux grandes bâches et des drapeaux accrochés en haut de leur tribune. Toute leur tribune est assise, il n’y a pas de meneur, bref ce sont des spectateurs comme les autres. A l’opposé, les Blue Fans sont le moteur du stade, dans une tribune debout forcément plus appropriée pour les supporters. La situation est quand même un peu confuse car ce sont derrière les bâches Blue Fans, I Pirati et Pirates Bastiais qu’est regroupé ce noyau de supporters.
A l’entrée des joueurs, des ballons bleus et blancs distribués anarchiquement couvrent la tribune Testa Mora, alors que les Blue Fans crament quelques torches. Pour l’ambiance, vu le résultat, les chants lancés par les Fans sont rapidement repris par le stade, même s’ils sont peu diversifiés et peu originaux.
Pour notre part, on se contente de quelques chants, dont une bonne partie en honneur à la Funkel Family, fière de se trouver dans ce stade ! La débâcle 3-0 des joueurs, le vent et la distance avec le terrain ne nous ont il est vrai guère motivés.
A la fin du match, seul Bertin nous fera un petit coucou, il faut croire qu’on n’a pas mis assez de bâches ou alors on pue vraiment (d’accord il faisait chaud et on transpirait mais est-ce une raison valable ?!). Quand est-ce que les joueurs prendront conscience de tous les efforts que consentent les supporters pour leur club ?
Nous patientons quelques minutes avant d’être rejoints par des stewards corses chargés de nous conduire aux voitures. Très cool, ils nous demandent si on a soif, on répond logiquement oui. Et voilà qu’on (8 Funkels plus 4 stewards) passe alors dans toutes les loges de Furiani pour récupérer les Coca restant dans les frigos ! Arrivés en bas, on attend que les joueurs sont dans le bus pour à nouveau le suivre et rentrer au camping.
Après le match, trois d’entre nous assistent, au camping, à une scène typiquement corse qui mérite de vous être contée. Assis au bar en train de boire (devinez quoi), il y a autour 2-3 clients ainsi que le propriétaire du camping (un vieux Corse), le cuisto (un jeune Corse) et les deux gérants (un couple non-Corse). A un moment, un problème de rouleau d’impression dans la caisse fait s’énerver la femme (gérante) et le propriétaire. La femme bouscule un tas de choses au bar, et s’empare alors du premier couteau qu’elle ramasse et menace le propriétaire (on avait déjà observé quelques frictions entre eux depuis qu’on était là). Le cuisto, juste à côté, se saisit alors d’une planche en bois et frappe la femme qui s’écroule. Le propriétaire (70 ans et portant un sonotone (NDL’auteur : c’est un truc pour les mal-entendants) arrive alors et met un coup de boule au gérant, qui s’écroule aussi, avant de se prendre des coups de poings de la part du cuisto ! Les deux gérants se relèvent tant bien que mal (plutôt mal que bien), et menacés de mort par les deux autres, quittent le camping. On ne les reverra plus mais c’est le genre d’histoires qui arrive fréquemment ici…
Revenons à nos moutons. Nous quittons ce camping le lendemain matin. Le propriétaire voit une cause à effets avec la « petite altercation » de la veille et notre départ, mais nous lui expliquons que notre départ était programmé depuis… notre arrivée. En effet nous quittons la région de Bastia pour nous rendre à Calvi où nous passons tranquillement quelques jours de vacances.
De retour à Bastia le mercredi, nous déposons une gerbe de roses au monument aux morts de la catastrophe de Furiani puis les deux voitures se séparent : une va rentrer directement sur Strasbourg, et l’autre passe par Florence voir Fiorentina-Lodz. Mais un accident matériel sur un parking d’un supermarché à Bastia oblige ceux qui voulaient voir le match à rester un jour supplémentaire pour réparer les dégâts. Néanmoins, tout le monde est rentré (vivant… et bronzé) pour Racing-Montpellier.
Ce périple restera à jamais gravé dans nos mémoires, tant il s’est passé de choses et on a enfin concrétisé quelque chose que l’on attendait depuis si longtemps. Désormais, on pourra dire « On y était »…
PS : un merci aux Furets sans qui le déplacement ne se serait pas fait et la bâche pas posée. |
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