Kaos on the road : Calais
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C’est l’histoire d’un rêve de passionnés gâché par une bande de mercenaires vivant à 3 stratosphères du monde réel. Tout avait déjà mal commencé pour ce déplacement des quarts de finale de la Coupe de France puisque avant même de rentrer dans le bus 100% UB90, 4 êtres vivants (pas pour très longtemps) dépourvus de cortex crânien font croire à de pauvres NS sans défense qu’on avait pas la bâche New Spirit. Ces derniers manifestent leur mécontentement tel un nerf à l’égard de la dent cariée mais au moment ou ils allaient battre ces mécréants un nouveau problème apparut : le chauffeur faisait son chonchon et refusa le pastis à bord. N’écoutant que nos pulsions alcooliques, on introduit quand même la sainte boisson en compagnie d’autres packs de bières pour pas qu’elle s’ennuie.
Le voyage est rythmé par quelques arrêts très rapides dont un qui transforme une partie de foot en partie de rugby puis en jeux celtiques où le but est de balancer sur l’adversaire des pommes de pin, des œufs et des branches (pour les petites natures fatiguées par la St Patrick’s Day de la veille et dont les heures de sommeil à rattraper étaient proportionnelles aux litres de Guinness consommés) ou des troncs entiers d’arbres arrachés par la tempête (pour les plus forts). Après avoir ainsi participé au reboisement des parkings d’aires d’autoroutes et après avoir ramassé le cadavre d’un UB90 mort d’une petite foulure à la cheville, on rentre dans notre bus encore parfumé par les relents d’alcool, de sardine crue et de crevette.
Sur le chemin on croise Jipé en plein déménagement puis on arrive à Bollaert ou des gars du KSO viennent nous accueillir alors qu’ils rentraient tout juste du Celta Vigo. Les flics, eux, sont beaucoup moins sympas et nous confisquent le scotch alors qu’on en a besoin pour les bâches. C’est vrai qu’avec du recul, le ruban adhésif c’est hyper dangereux. Vous imaginez les dégâts qu’on peut faire en balançant des petits bouts de scotch sur les jambes velues de mastres et en les retirant d’un coup sec ? Heureusement, la police nous a ouvert les yeux et nous a montrés combien nous étions inconscients d’avoir tenté d’introduire une arme aussi redoutable.
Dans les tribunes, comme prévu, une prolifération de mastres et les 4 gars du groupe mythique des Black Panthers Ultra 99 de Calais avec un étendard représentant une panthère…blanche ! ! Même Jérôme sait que Black veut dire noir en anglais et pourtant il n’est pas des plus doués en ce qui concerne la langue de Shakespeare et d’Alan Shearer ! Du côté strasbourgeois, on notera le bus du CCS, des voitures et des J9 pour la Section Furet, les Blueje Kempfer. Au total environ 150 strasbourgeois.
Sur le terrain, le Racing ouvre assez rapidement le score : quoi de plus normal contre une équipe de CFA jouant pour la première fois devant 30000 spectateurs et sur une pelouse de D1 ? On se voit déjà en demi. Mais le rêve pourtant si proche s’éloigne progressivement laissant place à un véritable cauchemar à faire pâlir Henry Fuseli ( j’aime frimer avec mes allusions à l’art pictural néoclassique de l’Angleterre du 18éme siècle). En effet, les calaisiens marquent 2 buts assassins. Mais les coups portés les plus douloureux viennent surtout de l’équipe de mercenaires pour laquelle on se défonce (encore cette fois-ci avec des chants ininterrompus) et qui est incapable de se bouger le *%/ §µ@ ! (nouveau code de censure pour pas qu’on puisse lire des mots pas jolis comme ici le mot « cul »). A la fin du match, Mamadou Bagayoko se cachant derrière un rideau de CRS qui n’aiment pas le scotch, nous provoque, nous insulte (« bande de pédés ») et nous fait un fuck. Un gars de 20 ans qu’on a enlevé de sa DH, qui n’est pas une pièce maîtresse de l’équipe et qui ne s’est pas encore affirmé se permettant de dire ça à des supporters ? Mais ou va-t-on ? Quelques jours après on aura une discussion plutôt chaude avec cette petite tête qui nous expliquera qu’il visait qu’un seul gars ( il devait être drôlement gros pour qu’il le traite de « bande de pédés » !), et nous demanda avec assurance pour qui on se prenait pour oser lui parler comme ça ! ! Il mérite qu’une chose, c’est qu’on lui allume une torche dans le *%/ §µ@ !
L’ambiance après le match est des plus lourdes et le bus met une bonne demi-heure avant de s’enflammer à coup de rotteuses (aux grands maux les petits rhums aident). Mais pour que la soirée soit bien pourrie jusqu’au bout, notre cher chauffeur anti-pastis nous engueule parce qu’on est…torse nu ! ! ! On apprend de sa bouche fétide que depuis une loi du 1er Janvier 2000 (ce jour les gars ils avaient pas autre chose à faire que de promulguer une loi ?), il est désormais interdit d’exhiber dans un bus nos abdos, pectoraux et deltoïdes aussi musclés puissent-ils être. C’est d’autant plus surprenant qu’il nous avait rien dit quand on avait montré nos culs aux vitres à tous les mastres qu’on croisait. Ce doit être une question d’importance de pilosité ou un truc comme ça. Bref, cet excès de pouvoir qu’il s’est octroyé a pour conséquence directe de nous convaincre de tous se mettre torse nu et de gueuler comme des malades. On fait un dernier petit arrêt dans une station service ou on pique un drapeau bleu ( voler c’est voler, rendre c’est dommage) et ou un autre UB90 dont je tairai le nom ( mais si les gentils policiers qui sont là pour nous servir veulent savoir qui c’est, qu’ils n’hésitent pas à me contacter) emprunte une salade de salami pour contrer les relents maritimes du fond du bus. Puis la fatigue se fait sentir et certains gars trouvent le sommeil. Ils en profitent alors pour imposer une symphonie cacophonique de ronflements. On arrive sur les 12 coups de 3h du matin avec l’impression de s’être fait pissés dessus par les joueurs lors de cette rencontre dramatiquement historique. Mais que ces gamins pourris et gâtés n’oublient pas que « qui trop embrase, mal éteint ». |
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