Tribune libre : un autre monde
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(NDC : Encore une lettre reçue par la rédaction et qui nous parle de l’implantation du mouvement Ultra en Europe. C’est partit.)
S’il est vrai que le mouvement Ultra est bien implanté en France, il convient de remarquer que mêmes les groupes les plus puissants de notre hexagone sont encore loin d’être en mesure de pouvoir rivaliser avec certains de nos confrères européens, notamment les italiens. Voici donc un tour d’Europe des principales tribunes Ultras européennes.
Commençons par les plus puissants, les plus imposants, a savoir les groupes italiens. L’Italie, berceau de la culture Ultra, apparaît bien comme la nation la plus puissante au niveau des tribunes. Comparé au PUF, la différence de niveau est considérable. Des noms tels la Fossa dei Leoni, les UTC, les Fighters ou les Boys S.A.N. résonnent pour nous comme des exemples en matière de supporterisme dit Ultra’. En effet, ces groupes disposent d’un savoir faire exceptionnel en matière de tifos, d’organisations de spectacles ou tout simplement en matière d’ambiance. Il convient tout de même de remarquer que ces groupes disposent de moyens importants comparés aux ressources limitées de la plupart des groupes français, hormis peut-être quelques exceptions comme le CU84 ou les Boys . Mais on peut ajouter un bémol a la puissance de ces groupes, à savoir la montée de l’extrémisme dans la majorité des curvas italiennes. Ce phénomène altère donc l’admiration que l’on peut légitimement avoir pour ces groupes. Les exemples en matière d’extrémisme en Italie sont coutumiers. Ainsi, la saison passée, lors de Lazio-Bari, les célèbres Irreducibili ont déployé une banderole en l’honneur d’Arkan, tortionnaire ayant sévit en Serbie et mort quelques jours avant ce match. L’intitulé de la banderole fut le suivant : « onore alla tigre Arkan ». Facile a traduire… Ceci provoque la colère des non moins célèbres carabinieris italiens et une loi est immédiatement votée permettant l’interruption d’une rencontre si un message raciste ou prônant l’intolérance est déployé dans les tribunes. A noter que quelques mois auparavant, lors du derby romain, un message à l’intention de la communauté juive de Rome, proche de l’AS Roma avait également été introduit par les lazialis. L’intitulé du message fût :’Auschwitz est votre pays, les fours sont vos maisons’.
Celui là n’avait pas alerté les policiers italiens. Sans commentaires… Outre ces événements regrettables, les groupes Ultras italiens savent également faire part de leurs revendications avec véhémence. Ainsi, lors du derby milanais, des supporters de l’Inter ont déployé des énormes banderoles contre le foot moderne (euroligue, pay per view…). Durant la mi-temps, une trentaine de policiers essayent de s’interposer dans la tribune des supporters intéristes pour maintenir l’ordre. Et comme a chaque fois, ça cause d’énormes problèmes. La réaction des Ultras de l’inter est violente, ils jettent tout ce qui est possible, chargent les policiers et les contraignent a sortir du stade. Ceci provoque les applaudissements de la Curva du Milan AC ( Fossa dei Leoni, Brigata Rossonnere..) et les chant anti-flics résonnent des deux côtés du stade. Ainsi, même si la violence est bel est bien omniprésente au sein des tribunes italiennes, les revendications des Ultras italiens semblent être davantage écoutées que celles de la majorité de leurs homologues européens.
Passons désormais aux tribunes ibériques. Si le mouvement Ultra’ est bien implanté en Espagne, on ne peut pas dire qu’il soit davantage développé qu’en France. En effet, à l’image des tribunes françaises, les déséquilibres entre groupes sont souvent énormes. Certains groupes comme les Boixos Nois du Barça ou les Ultras Sur du Réal apparaissent comme les fer de lance de la culture Ultra’ en Espagne . Les autres groupes ont souvent du mal à suivre. La principale différence entre les groupes français et les groupes espagnols se situe certainement au niveau de la politisation de ces mêmes groupes. Ainsi, en Espagne, certains groupes n’hésitent pas à afficher une tendance politique comme les Ultras Sur qui manifestent explicitement leur attachement pour l’extrême droite. La politisation des groupes en Espagne est ainsi plus manifeste qu’en France ou la majorité des associations sont apolitiques.
A l’ouest de l’ Espagne se trouve une autre terre de football ou la culture Ultra’ est bien implantée, à savoir le Portugal. C’est certainement dans ce pays que les déséquilibres entre groupes sont les plus manifestes. Ainsi, les groupes des ‘ Trois Grands’ ( Sporting, Benfica, Porto) dominent de façon considérable leurs homologues des autres clubs. Il est d’ailleurs intéressant d’étudier ces ‘ Trois Grands’ de prés. A Lisbonne, le Sporting est la deuxième équipe la plus encouragée du Portugal. En général, le Sporting est l’équipe de la haute société et le Benfica, l’équipe pour tous les autres. Le groupe principal du Sporting est la Juventude Leonina, ou Juve Leo. Ils sont nés il y a plus de vingt ans. Au début des années 90, ils se distinguaient déjà comme un véritable groupe Ultra. Ils ont été les premiers à faire des chorégraphies et à avoir du matériel (drapeaux, écharpes, tee-shirts, cartes de membres…), alors que les autres en étaient encore aux fumis.La Juve Léo est aussi réputée pour sa fidélité car le Sporting ne parvient quasiment jamais à accrocher le titre de champion du Portugal. Le groupe est toujours au top en ce qui concerne les gadgets qui sont tous des marques déposées, ils ont même un catalogue entièrement en couleur, et qui présente tout leur matériel Ultra’. Le deuxième groupe du Sporting est la ‘ Torcida Verde’, qui est plus petit, mais aussi ancien que la Juve Léo. Ils apparaîssent plus pacifiques que les autres et bénéficient d’une bonne image acquise à la fin des années 80. En 1996, des dissidents du Torcida Verde ont fondés les Ultras Sporting, qui a déménagé au virage Nord. Ce groupe commence à prendre de l’ampleur.
Passons désormais au FC Porto qui est le symbole de la ville de Porto, et presque de tout le Nord du Portugal. Le président, Pinto da Costa, a une philosophie anti-Lisbonne, axée contre la centralisation du pouvoir à Lisbonne. Cela se traduit par un important soutien au Nord et de la haine dans le reste du pays. Bien qu’il doit faire face aux accusations de corruption, il a fait du FC Porto le club le plus titré du Portugal, ces dernières années. En ce qui concerne les groupes Ultras, le premier fut les Dragoes Azuis, dans les années 80. De ce groupe est né, le groupe le plus représentatif de Porto, les Super Dragoes. Ils font la loi dans le nord et sont toujours les plus nombreux à se déplacer au Portugal. Bien qu’il s’agisse d’un groupe très fort, ils ont quelques problèmes internes, dût notamment aux incidents entre membres du groupe. Dernièrement, les Super Dragoes se sont rendus compte qu’ils perdaient de leur côte ‘mythique’ et sont retournés dans le virage Sud, leur ancienne place. Ils restent encore le meilleur groupe de Porto. Actuellement, d’autres groupes soutiennent Porto : Légion of Dragoes, Novimento Portuense et le Collectivo Curva Norte.
Voilà donc pour ce petit tour d’Europe des nations phares du mouvement Ultra’ auquel on peut ajouter une nation comme la Grèce, ou la passion ne connaît guère de limites. De part sa localisation, on remarque donc que la culture Ultra’ garde une tradition méditerranéenne. Cependant, le mouvement commence a prendre de l’ampleur dans des nations ou il était longtemps inexistant.
Cela est notamment le cas en Allemagne ou de nombreux groupes sont en train de se créer. Certains de ces groupes se montrent déjà très actif comme à Francfort ou encore à Kaiserlautern, avec la Génération Lucifer. |
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