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Tribune libre : tout le monde se souvient...

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Il est important de signaler que l’auteur de cet article n’a reçu aucune forme d’argent pour que des marques de multinationales apparaissent ci-après… ce qui est fort déplorable !

Tout le monde se souvient de « l’épisode Atac » où l’on nous avait demandé expressément d’ôter nos banderoles UB90 des panneaux publicitaires en quart de virage alors que cette partie du stade était la notre. Cet incident, aussi minime puisse-t-il être, est malheureusement la preuve de l’emprise du fric dans le football au dépend des valeurs que nous, supporters, voulons défendre. Non, le football n’est plus un simple jeu, il est devenu un véritable business exploitant la passion et ignorant les traditions. Le maillot est le parfait témoin de cette évolution dramatique au détriment de l’image même du club.

Tout le monde a sans doute déjà vu le nouveau maillot du Racing. Chacun se fera sa propre opinion sur celui-la. Ce qui n’a apparemment pas trop changé ce sont les sponsors et leur prolifération est telle qu’on en distingue à peine le logo qui est pourtant le symbole du club (certains diront qu’avec ce que Mac Cormack nous a pondu comme logo , finalement on y perd pas trop !). Je serais à peine étonné si dans les années à venir il soit encore plus réduit ou même mis à un endroit qui ne gêne pas trop pour les pubs comme sous les aisselles par exemple. Il faudra alors souhaiter qu’un de nos joueurs fasse une touche ou tombe magistralement à la Ravanelli pour avoir une chance de l’apercevoir.

D’un point de vue esthétique, il est regrettable que les publicités prennent autant de places et soient si peu en harmonie avec les couleurs traditionnelles du club. Prenons comme exemple le maillot du Racing de la saison 1998-99 . Sans aucune publicité, il était sobre, portait les 2 couleurs du club et restait original par ses bandes horizontales qui nous distinguaient des autres clubs ayant du bleu et du blanc (Troyes, Bastia, Auxerre…). En rajoutant la horde de sponsors (DNA, mise au green et Adler pour ne pas les citer) le rendu est totalement différent avec une cacophonie de couleurs. Certes, avec une vache au niveau de l’épaule et un énorme sigle rouge fluo Adler on reste reconnaissable et original, mais à quel prix ? Ayant eu l’audace de faire remarquer cela, je me suis entendu dire : « De quoi vous plaignez-vous, ce sont des sociétés locales, vous devriez être contents ! ». Ah ben forcement, vu comme ça, ça change tout ! Et « Racing Club de Strasbourg », ça sonne pas assez local peut-être ? La seule manière finalement pour pas que le rouge fluo-phospho-flamboyant ne gâche pas trop les couleurs originelles c’est d’utiliser une lessive classique (à la TV ils disent que c'est facile à trouver : en général c’est un baril tout blanc avec une grosse croix noire ou avec « lessive classique » marquée dessus) qui décolore les couleurs pour harmoniser tant bien que mal le maillot.

Des personnes à l’esprit futile me répondront qu’on ne choisit pas la couleur des sponsors. Et pourquoi pas ? Pourquoi ne pas obliger la marque à trouver une couleur qui irait dans les tons du maillot sans le dénaturaliser ? Prenez l’exemple des courses de F1 et de l’écurie Ferrari. Exception faite depuis quelques années du petit logo jaune « Shell », aucune des pubs ne contraste de trop avec la couleur rouge de l’écurie italienne. Le mythe a eu raison de la loi de l’argent. On me rétorquera que Ferrari a plus d’offres de sponsoring que le Racing et peut se permettre de se montrer difficile. Et oui, c’est ça le marché dans un monde capitaliste.

« Capitaliste », le mot est lâché. Qui d’autres que les Américains ne représentent mieux le capitalisme et tout le business fait autour du sport, véritable véhicule d’images positives et proie par conséquent des publicités en tout genre. Mais avez-vous déjà vu le moindre sponsor sur un maillot d’un joueur de Base-ball ? Football Américain ? Hockey sur glace ? Basket-ball ? Ne cherchez pas vous n’en trouverez pas. La raison est toute simple : les Américains, leaders mondiaux du marketing, ont pris conscience que sur le long terme cela dépréciait le produit, l’attachement des supporters (pardon, des consommateurs) à leur équipe et réduisait le spectacle à quelque chose sans signification, dépourvu des valeurs de tradition et de dignité. Dans l’univers du football seul le Barça a retenu la leçon avec un maillot vierge de publicité depuis toujours. Malheureusement dans la plupart des autres clubs le mal est déjà fait et certains sponsors sont même devenus indissociables de certaines équipes : Carlsberg pour Liverpool, Philips pour le PSV Eindhoven, Opel pour le Bayern, Peugeot pour Sochaux (pour ces derniers faut dire qu’ils ont que ça dans la région alors forcément…).

Dans les compétitions impliquant des équipes nationales on se croyait à l’abri d’un tel phénomène. Le maillot national ne semble pas souillé par les pubs. Mais petit à petit les requins du foot business ont infiltré le milieu et on peut déjà voir lors des interviews, des entraînements ou des échauffements de certaines équipes un survêtement et même parfois un lot de maillot différent portant des publicités : Mercédes-Benz (Allemagne), Nationwide Insurance (Angleterre), etc… Le train du foot business est en marche et la pub sur les maillots nationaux durant un match n’est sans doute plus qu’une question d’années. De toute façon, qui oserait protester contre cela ? Les journalistes ? Aucune chance, c’est justement à cause des médias qu’il existe de telles pratiques. Les supporters ? Ce serait bien la première fois qu’on nous entendrait !

Je me souviens d’un sketch des Inconnus ou un journaliste (Bernard Campan) commentait une course de voiliers. L’effet comique venait en grande partie du fait qu’il utilisait le nom du sponsor et non celui du skipper ou des bateaux et cela donnait un truc du genre : « et voilà que Panzani vient de doubler Tati mais attention à Ducros qui revient vite… » (je sais, l’effet comique est pas vraiment rendu, je m’en excuse auprès des Inconnus, mais ce n’est pas le but premier !). Alors, à quand un championnat où on parlerait des affiches SEGA/PATHE ou ERICSSON/OPEL ? Sans doute faudra-t-il également remplacer les deux bouffons de TF1 par Jean-Pierre Gaillard de la Bourse de Paris (on y perdrait pas grand chose finalement). Pour l’instant ça ne fait que sourire, mais qui sait dans quelques années…

Et dire que tout ça est juste parti d’un commentaire sur le nouveau maillot de notre équipe de football. Mais comment s’appelle-t-elle de nouveau ? Attendez que je me rappelle de son maillot… Ah oui, ça me revient, ADLER !!

NB :Cet article n’a bien sûr pas pour but d’empêcher quiconque d’acheter un maillot mais c’est tout simplement une demande pour plus de respect des couleurs d’une équipe, de ceux qui le portent et qui n’ont pas envie de passer pour des panneaux publicitaires ambulants.
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