En cette fin de saison, l’heure est aux bilans. Nous avons fait pour vous, celui des deux ans du “ règne ” de P. Proisy sur le Racing.
1 Le bilan sportif :
Il est limite catastrophique. Tout le monde le sait, ça fait 2 ans qu’on joue le maintien et après s’être mathématiquement sauvé lors de la dernière journée l’an passé, il faudra attendre ce soir où la semaine prochaine cette saison. Les matchs excitants ont été rares, tout comme les victoires à domicile et l’attaque qui fût longtemps le point fort du Racing est l’une des pires de D1.
Enfin, nos différents parcours en coupe sont révélateurs : 3 éliminations au 1er tour (Cannes, Epinal et Troyes) par des équipes de division inférieure, un tour passé dans la douleur (à Niort) puis une nouvelle élimination à Guingamp pensionnaire de la D2. Un véritable scandale, d’autant que c’est dans ces matchs que l’on a put mesurer le haut degré de combativité et de solidarité de l’équipe....
Reste la coupe d’Europe ! Elle aura constitué les rares matchs bandants et de haut niveau pour le public strasbourgeois mais elle fût aussi longtemps l’arbre qui cache la forêt. Six matchs sur 79 c’est peu.
2 Le bilan de la direction :
¤ Les hommes :
Après le choix de Mc Cormack comme repreneur du club et la finale de la coupe de la Ligue, rappelons l’excellente prestation de Bernard Gardon dans un remake très réussi de “ L’effaceur ”. En quelques semaines le recruteur Max Hild, Patrice Harquel le directeur commercial, Jean-Michel Colin, le secrétaire général puis Jacky Duguépéroux sont licenciés ou évincés. Manifestement envoyé à Strasbourg par Patrick Proisy pour faire le ménage et placer ses hommes, Gardon a été remplacé au bout d’une saison et a retrouvé une bonne place chez IMG, mission accomplie ... Toutefois, Patrick Proisy a apparemment bonne conscience puisqu’il déclarait en février 98 “ avoir donné sa chance à tout le monde ”...
Au début de cette saison, plus de Gardon, donc, mais plus de numéro deux du club non plus. Claude Le Roy n’est officiellement que manager sportif. Patrick Weil s’occupe toujours du financier (NDC : dernière minute, celui-ci a été viré début Mai pour faute grave) et J.C. Lombardo du marketing. Résultat, personne sur place pour chapeauter l’ensemble en l’absence du président (soit à peu près 6 jours sur sept quand le vent est favorable). Les empiétements et les conflits n’ont pas tardés et
Claude Le Roy a rapidement pris du galon pour diriger l’ensemble et devenir le vrai numéro 2 du club. A en juger par certaines petites phrases, il est loin de faire l’unanimité, ne serai-ce qu’au sein de la direction du club.
¤ Les travaux :
Ils ont été discrets mais efficaces. L’ensemble de la direction a été refait sous la tribune ouest, puis les salons et la boutique en tribune Nord (8 millions de Francs) et enfin les vestiaires. Le centre de formation après deux ans de lente avancée va bientôt sortir de terre (3 étages sur un terrain près du Centre Sportif Sud).
Tout ceci ferait presque oublié qu’il y a deux ans Patrick Proisy projetait de construire son propre stade au Racing. En attendant, après une demi-saison de mauvais résultats, on juge que la Meinau n’est tout compte fait pas si mal que ça. Mais après avoir dépensé une douzaine de millions de Francs pour ces différents travaux personne ne veut s’engager pour la mise en conformité du stade (places assises au 1er juillet 2000 après plusieurs sursis). Locataire du stade Patrick Proisy a signé avec la ville pour 28000 places minimum. Résultat, personne ne veut mettre le surcoût pour atteindre les 35000 places qui apparaissent plus adaptés au potentiel de Strasbourg ( et aux objectifs de Proisy ?). au final et rognant à droite et à gauche, on arriverait à 31000 places dont 7000 debout, soit 24000 places aux normes UEFA en cas de participation européenne !!!!! Cet épisode (au cours duquel on nous a vanté les mérites des stades modulables, couverts avec restaurants, cinémas et tutti quanti) est révélateur de l’empressement, voire de la précipitation de Proisy à se lancer dans des projets, où du moins à en faire l’annonce. On touche là, le cœur du problème : la communication. Pour un président de société de communication, Patrick Proisy communique comme un débutant. Sévère ? Rappelez-vous à l’été 97, quel calibre de joueurs nous promettez t-il ? Baggio, Savicevic, Klinsmann (texto), résultat : Kinet, Conteh, Miceli, Arpinon et Avril. Ce n’est pas leur faire injure que de dire qu’on est loin du compte et notre président de s’excuser naïvement : « je ne maîtrisait pas les implications financières ». Une star c’est cher ? Ah bon .... Erreur de jeunesse !! Après ce mea culpa (nous sommes en février 98, interrogé sur la position de relégable du club (17 ème le 20/02/1998), il était catégorique : « si par malheur nous devions descendre, nous nous donnerions les moyens de remonter immédiatement et si l’équipe se maintient, l’objectif sera de terminer dans les cinq premiers » (L’Alsace du 23/02/1998). Tout le monde connaît le résultat, on a joué le maintien toute la saison et les effets d’annonce de Proisy frisent le ridicule et discréditent totalement le club, notamment aux yeux d’éventuelles recrues. Que valent des promesses d’un dirigeant du Racing ? Comment ne pas comprendre des joueurs qui s’en vont (Collet, Okpara, etc ...) parce qu’ils veulent jouer dans un club réellement ambitieux...
¤ Le marketing :
Le merchandising reste balbutiant. Si une véritable gamme de gadgets a enfin vu le jour et que la boutique a été relookée, elle reste incroyablement excentrée et le nouveau logo n’est pas encore entré dans les moeurs.
Pour finir, le site Internet a été enterré et le nouveau journal du club (distribué les soirs de match) est désespérément vide de toute information un tant soit peu intéressante et instructives. Anecdotes ou révélateurs ? (NDC : on peut noter pour le journal que lors du premier match de championnat contre Lyon, il y avait à l’intérieur un classement avant la première journée. Tout le monde comptait zéro point mais le Racing était premier. Décidément le ridicule ne tue pas.)
3 Et l’an prochain ?
¤ Quel budget ?
Ne jouons pas les naïfs, les résultats sont de plus en plus une question de moyens, surtout quand on ne sort pas assez de jeunes du centre de formation. Là aussi, les interrogations sont nombreuses. Le Racing avait cette saison le 6ème ou 7ème budget de la D1, mais se situait en-dessous de la moyenne (car celle-ci est tirée vers le haut par l’OM, le PSG et Monaco) avec à peu près 150 millions de Francs. Il se décompose comme suit :
- droits TV (23% du budget). Ils ne devraient que faiblement augmenter, la Ligue refusant de laisser les clubs négocier directement avec les chaînes.
- indemnités de transfert (19%). Echelonnée sur plusieurs années, la vente d’anciens joueurs (notamment Ismaël et Dacourt) devraient baisser en valeur cette année, sauf très gros transfert (Martins 3 ans de contrat, Bertin 1 seule année, etc ...).
- billetterie (14%) et abonnement (4%). Aucun miracle à attendre de ce côté-là. Les abonnements sont en chute depuis 1993, à moins qu’un très gros recrutement vienne inverser la tendance.
- subvention (10%). Conformément à la loi Pasqua qui vise à les supprimer, elles baisseront quoiqu’il en soit et seront plafonnés à 5% du budget avant de disparaitrent l’an prochain.
- sponsoring (5% seulement alors qu’à l’OM 24% soit à peu près 100 millions de Francs, contre à peine 8 millions au Racing). Pas de miracle à espérer de ce côté-là également. Que promet-t-on aujourd’hui à un éventuel partenaire ? Certains devraient quitter le club. La comparaison avec les joueurs est tentante.
Le reste du budget est constitué d’emprunts, du merchandising (7% du budget de l’OM près de 30 millions de francs), des loges, etc...
Aucuns des principaux postes ne paraît susceptible d’augmenter pour gonfler le budget global de manière significative et permettre au club de recruter en conséquence. Reste IMG - Mc Cormack qui peut légalement injecter de l’argent dans le club, mais à fond perdu, du moins à court terme, comme le fait Robert Louis Dreyfus à Marseille.
¤ Quel équipe ?
Si certains départs semblent d’ores et déjà acquis : Okpara au PSG et Collet en fin de contrat notamment, mais aussi probablement Suchoparek et Bertin, voire même Martins. Outre le fait que ces 4 ou 5 joueurs sont des titulaires à part entière, ce sont surtout des patrons, des piliers sur et/ou en dehors du terrain. Ils font parti de ces joueurs autour desquels on bâtit une ligne et une équipe, voire un groupe. C’était d’ailleurs l’objectif des dirigeants à propos de Collet et surtout Bertin. Qu’en est-il un an plus tard ? On est prêt à les lâcher au risque de se retrouver sans ces indispensables piliers à l’intersaison lors du recrutement et de la constitution du nouveau groupe.
La politique de recrutement de jeunes joueurs prometteurs (Luyindula, Ehret, Marsiglia, Beye, Hemdani, etc ...) est intéressante, mais elle ne peut se substituer au recrutement de cadres expérimentés, a fortiori quand on lâche le premier joueur qui fait une bonne saison (Bertin).
Quelle équipe peut-on espérer dès lors pour la saison prochaine ? Des bruits circulent (Christophe Bastien, Fabrice Fiorèse, Jacques Rémy, etc ...), mais une fois de plus, on est loin des gros calibres qui paraissent nécessaires à la constitution de la « belle » équipe que Claude Le Roy nous promet depuis quelques semaines. Encore faut-il savoir quels sont les critères de « beauté » et quelle place est sensée viser une « belle » équipe.
Cet article peut paraître sévère, pourtant il n’y a là que des faits et des paroles authentiques que nous avons tous constatés et entendus. Le ton employé traduit surtout la déception des supporters et ultras que nous sommes. Passionnés par le club, déçu quand il va mal et révoltés quand ses dirigeants se moque de nous.
« J’ai peut-être quelques années d’avance en France, mais pas par rapport à l’étranger » déclarer Patrick Proisy. Il est bien beau de parler de Société Anonyme, de bourse, de droits TV, de merchandising et de stade high-tech, mais ça ne doit pas faire oublier que le club le plus riche soit-il reposera toujours sur 11 garçons sur une pelouse. Les présidents qui voient les clubs de foot comme de simple entreprise ne doivent pas l’oublier. Dans notre cas, Patrick Proisy passe apparemment beaucoup de temps à se battre pour obtenir la cotation des clubs en bourse. Si ce combat est louable, il paraît être bien peu soutenu par les autres présidents de la D1, qui semblent ravi d’avoir trouvé le pigeon qui va au charbon contre la Ligue et la ministre (l’effet Gardon sans soute ...). Pour finir sur la bourse, on peut simplement rappeler qu’il faut 2 exercice bénéficiaires pour être éventuellement coté, or Proisy a déjà annoncé que le club serait déficitaire cette année, ce n’est donc pas pour demain ... Enfin, il justifie cette « croisade » au nom de l’équilibre entre clubs français et étrangers, on lui rappellera simplement qu’il faudrait déjà emmener le Racing à ce niveau-là et qu’en attendant il pourrait passer un peu plus de temps à Strasbourg pour son club.
Pour conclure ce qui apparaît un peu comme un réquisitoire, une dernière petite phrase : « je demande à ne pas être jugé avant le 30/06/1999 » (L’Alsace du 23/02/1998). Nous y sommes presque, il reste 45 jours pour rattraper deux saisons de désillusions totales. Restent deux questions. Combien de temps Strasbourg va-t-elle encore attendre le club qu’elle mérite ? Et quelle est la peine qu’on inflige à un président qui ne tient pas ses promesses ?.......! |