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Kaos on the road : Bastia

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Après l'année dernière où déjà quelques supporters strasbourgeois avaient foulé le sol de l'île de Beauté, c'était le rêve de beaucoup d'organiser un déplacement officiel en Corse. Le prix de départ était de 800/900F (prix membre et non-membre) et fut baissé à 500/600F. Nous avions en effet fait le forcing auprès de notre cher président Monsieur Patrick Proisy pour qu'il nous aide à titre exceptionnel pour ce très long déplacement. Bien entendu, l'incompétent notoire refusa (il préfère payer un gardien qui ne joue pas 1MF net par mois que de passer mille fois moins à des supporters) . On dut donc passer par le capitaine de l'équipe Corentin Martins pour obtenir finalement un peu de fric du club. Par ailleurs, le staff technique et quelques joueurs nous ont filé un peu de tune pour nous aider. La somme n'était certes pas énorme mais c'est le geste que nous avons particulièrement apprécié. Le point noir de tout ça est que les billets du ferry avaient déjà été commandés et on ne pouvait donc plus faire venir d'autres ultras qui auraient pu finalement faire le déplacement à ce prix là.

Notre bus accueille ses 30 occupants (22 UB90, 4 CCS, 2 Blue Pirates, 2 indep) et quitte Strasbourg à l'heure du crime pour aller supporter un club sans âmes et enterré depuis longtemps. L'aller se fait dans l'alcool et la bonne humeur. Notre cher président joue son gars autoritaire en faisant des remontrances à certaines personnes sous prétexte qu'au rythme où elles boivent il n'y aura plus de bières au retour. On fait semblant d'obéir et on continue de torcher discrètement grâce à la complicité de celui qui baise avant les réunions du bureau (NDC : j’en apprend des choses, ca va chier à la prochaine réunion du bureau). Après quelques délires la fatigue se fait sentir et notre chauffeur préféré transforme en un coup de baguette magique nos sièges en couchettes superposées où il fait bon baiser (quand on a quelqu'un à coté de soi) ou dormir (si on n'entend pas les ronflements de bûcherons de certains Ultras enrhumés). Boris aura beaucoup de mal à s’endormir car il avait devant les yeux une provocation visuelle qui dans son état déclenchait une insomnie. Au petit matin, on s'arrête dans une station italienne où on apprécie la manière très italienne de se garer (prendre 3 places avec une seule bagnole ou s'arrêter en plein sur le passage) et de rendre des chiottes accueillantes (de la merde en dehors de la cuvette, une odeur de putois lépreux, etc...) puis on se rend à Livourne ou on a 1h ½ à occuper avant d'embarquer. Certains restent au chaud dans la cafétéria du port, d'autres jouent au baby sans expliquer les règles (facile de gagner dans ces conditions) pendant que d'autres encore décident de se rendre en ville (NDC : il fallait bien que l’on trouve un kiosque pour acheter Supertifo !). En ville on en profita pour faire un petit tour au marché et tester les chiottes du MacDo (NDC : vite de la préparation H pour Dany). On trouve devant le siège de la section du P.C. local un scooter remplit d’autocollant des Ultras Magenta (Livourne) avec le Che comme emblème. Après avoir visité tous les endroits peu recommandables du port ( "Periculo" ça veut dire quoi?"), Kibitz, Heidi et Zym décident d'aller acheter des torches, fumis et fusées. Malheureusement, vu que leur niveau en italien n'a d'égal que celui de Fred en allemand, c'est vraiment pas gagné (y'a même un gars qui avait compris qu'on cherchait des moulinettes de canne à pêche!) mais ils trouvent quand même un magasin entre tous les scooters de la ville qui vendait des fusées éclairantes. Puis tout le monde regagne le bus pour embarquer dans le ferry. Les photos sont difficiles à prendre avec le vent sur le pont mais on y arrive quand même entre les pogos et les humba. A part Vin Chaud qui tire une tronche des mauvais jours, personne n'est malade. Durant la traversée, on admire le paysage, on utilise tout son forfait pour casser encore plus le moral de ceux qui ne pouvaient pas venir, Dany essaie d’imaginer les bans de poulpes (NDC : Brigata Poulpa !) au fond de l’océan, certains piquent même ce qu'ils croyaient être des fusées de détresse mais qui ne sont en fait que des messages de secours.

A Bastia, on est aussitôt pris en charge par les flics locaux qui nous escortent jusqu'au stade. On dépose une écharpe UB90 et une gerbe de fleur au nom de tous les supporters strasbourgeois (NDC : avec la phrase « Strasbourg n’oublie pas » inscrite dessus) sur le monument des victimes de la catastrophe de Furiani. Tout le monde voulait descendre pour s'y recueillir mais la sécu n'a autorisé que 3 personnes à descendre du bus (lamentable) . A l'intérieur du stade, nous sommes agréablement surpris de tomber sur des CRS très sympas qui nous accueillent en nous parlant...alsacien!! C'était en fait une compagnie des environs de Strasbourg qui avait été envoyée en Corse depuis quelques mois. Tout le monde bâche (UB90, Girls 2000, Vieille Garde, New Spirit, Blue Pirates, Furets). On a la confirmation que le stade de Furiani est bien le quart monde des supporters: 6-8 torches au total allumées au coup d'envoi et disséminées dans tout le stade puis plus rien du tout, les gars sont assis, pas de chants, pas de gestuelles, pas plus de 2000 personnes dans tout le stade. De notre côté, on agite les drapeaux et on chante durant tout le match malgré la déconvenue humiliante de l'équipe (à noter de nombreux cris du prédator lancés par Vin Chaud et repris par le groupe, ce qui n'est pas fait pour favoriser l'arrestation d'Yvon Colonna qui, bien caché, doit encore trembler de peur dans les montagnes corses) . Pas un joueur ne nous saluera.

On range tout le matos et on rejoint en bus un petit resto pour se changer les idées. Un silence des plus lourds envahit le bus, le moral est bas, très bas. Au restaurant on bouffe comme on peut un repas copieux et l'atmosphère se détend un peu. Heidi reconnaît une chanson de I Muvrini passant à la radio et que même le propriétaire du resto, pourtant corse d'origine, ne connaît pas (on voit tout de suite les mastres du groupe qui passent leur temps devant la TV à regarder "facile à chanter") . Le propriétaire du resto pas rancunier offrira une tournée de schnaps corse pour les derniers gars qui voulaient plus décoller de son établissement. En retournant au bus, on a la joie de découvrir un tag "enculé" sur le bus fait à la bombe dorée. L'absence de pluriel dans le mot nous fit supposer qu'en fait une seule personne sur tout le bus était visée mais on a toujours pas compris qui. On se trouve enfin un petit coin tranquille le long d’une plage pour récupérer un minimum de ce long périple.

Après une nuit cacophonique (où on découvrit de nouveaux bûcherons) et odorante (Dany se chargea d'aspirer du déodorant sur les pieds qui sentaient notre munster régional) tout ce petit monde se réveilla au petit matin et alla faire ses petits exercices sportifs: batailles à coups de bambous et de roseaux, plongée en apnée de pieds ultra dans l'eau de mer glaciale (NDC : c’est très vivifiant) , slaloms entre les voitures qui passaient, petit foot puis nouvelles photos devant la bâche avec des torches qui éclairaient nos visages d'enfants encore perturbés par une mauvaise nuit de sommeil. Au moment de la photo, des flics passèrent, pas du tout étonnés par le petit bordel qu'on avait mis et encore moins par la fumée sur la route. Preuve qu'ils doivent vraiment en voir de touts les couleurs là-bas. Le temps d'écouter en boucle la cassette audio du "tampax qui s'ouvre d'abord en corolles pour les grosses salopes jouisseuses" (plébiscité avec insistance par Vin Chaud) et de récupérer le Furet qui s'était vidé les couilles et rempli le cœur chez une secouriste, on embarque à nouveau dans le ferry pour cette fois-ci 6h de traversée. Au passage on achète le journal du coin et on apprend qu’un meurtre et une tentative de meurtre avaient eu lieu pendant la nuit à Furiani, bonjour l’ambiance ... La minorité qui aime se laver apprend avec la plus grande joie qu'on peut enfin prendre une douche à bord moyennant une petite somme d’argent. Il faut quand même se méfier des lits car ils semblaient contenir des tiques. On ne fut pas tous mis au courant si bien que si des couples de chez nous ont joyeusement copulé sur un de ces nids à parasites pendant la traversée, ils peuvent être certains de se faire sucer pendant encore un long moment.

La mer est beaucoup plus agitée qu'à l'aller et quelques pertes de repas sont à déplorés notamment dans la chambre 451 où Roulian, Joël et Thierry (un Pirate qui n’a pas le pied marin faut le faire quand même !) redécorèrent la salle de bain sous les rires incessants de Zym qui se moquait d'eux. Les pauvres malheureux, vite rejoints par notre chauffeur préféré dont l'estomac prenait un malin plaisir à se vider, décidèrent alors de créer la section 451 en souvenir de ces moments de purs orgasmes et de bonheur intense passés pendant 6h par terre ou au dessus d'une cuvette. En bien meilleure condition physique, Fred et Heidi après avoir joué au cerf-volant humain sur le pont supérieur, se refaisaient la scène de Titanic où tout le monde court apeuré dans les couloirs du bateau. Heidi ne respecta pas tellement le script et son nez ne rapprocha soudainement du sol à cause d'une marche que Fred lui avait cachée sans faire exprès (mon cul ouais!). Dany est toujours aussi désespéré de ne pas trouver de « moules poulpeuses » mais on lui remonte le moral en lui rappelant qu’il n’y a plus que 10h à faire en bus pour rentrer chez nous. Après avoir fait la leçon la nuit précédent en ce qui concerne les odeurs pédestres, c’est Dany qui est pris en faute cette fois. Une odeur horrible s’échappe de ses chaussettes. Le chauffer interviendra et videra une bouteille de déodorant sauvant la mise au reste des personnes à bord du bus. On se mate des cassettes de déplacement (Jean-Marc le nouveau Spielberg Ultra !) puis sous la demande incessante des gars de l’avant du bus on doit subir un film avec Christophe Lambert (pitié !!) intitulé « Résurrection » (titre peu d’actualité en ce moment). A l’arrière du bus ça dort, ça ronfle, ça boit ou ça discute sérieusement avec Fred au milieu de tous tel Panoramix distribuant des gorgées de potion magique. On arrive enfin à Stras sous les coups de 4h, tous dépités, fatigués (beaucoup reprenaient le boulot dès 8h) mais tellement fiers de ce que nous avions fait et de la solidarité entre tous les supporters strasbourgeois. La meilleure preuve fut qu’à la descente du bus on pouvait entendre non pas « J’y étais » mais « NOUS y étions » et ça, c’est bon pour l’avenir.
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