Juste après notre dernier match de l’année 2000 (l’épique rencontre contre Metz), nous avons décidé de nous faire un petit cadeau de Noël anticipé en allant voir un match en Italie. Ne voulant pas passer le réveillon dans les montagnes du Friuli (du côté d’Udine quoi) nous nous sommes rabattus (si on peut dire) sur la Lombardie qui comporte quand même quelques bonnes curva italienne. Nous avons ainsi opter pour le match Bergame/Inter pour voir si la réputation des bergamasque n’était pas usurpée (on n’a pas été déçus).
Bergame si situe à environ une quarantaine de km de Milan (environ 500 km de Strasbourg) c’est pourquoi nous avons choisit de passer par la Suisse pour avoir un trajet optimal (et joli en plus ce qui ne gâche rien). Au départ à 5h du matin nous sommes 4 : Pierre (l’homme aux mocassins) de la VG, Georges de la NS, Arnaud le capo et Roulian (NDC : on parle de moi) el présidente. Lors du voyage aller, Georges (lors de ses rares moments d’éveil) nous apprendra quelques mots de russe (très utile lorsque l’on se rend en Italie) mais ne nous s’embêtera pas jusqu’à l’arrivée à Bergame. Le reste du voyage est fait d’arrêt aux stations et surtout de discussion sur différents thèmes (les Ultras, le sexe, l’Italie, les UB90, etc ...).
On arrive sans trop de problème à Bergame sur les coups de midi. Au passage Arnaud aura une sacrée frayeur avec un cycliste fou (Pezzo di merda !!). Trouver le stade est un peu plus coton mais finalement on découvre un vieux stade planqué en plein centre de la ville. Tous les murs avoisinant son taggés à la gloire des BNA (Brigate Neroazzurre) le principal groupe Ultra de l’Atalanta. Le temps de trouver une place de parking et on est déjà à la recherche de boutiques de supporters. On trouve quelque marchand ambulant qui vendent du bien beau matériel. Après une pause bouffe, on se renseigne pour récupérer nos tickets (réservés par téléphone). On apprend que quelques tickets pour la curva (alors que nous avons des places dans un 1/4 de virage) seraient encore en vente en début d’après-midi. Nous faisons la queue mais c’est peine perdue car le match est à guichet fermé et les quelques supporters de l’Atalanta qui faisaient la queue avec nous repartent très déçus. Nous essayons alors notre plan B, à savoir récupéré nos tickets réservés en 1/4 de virage. Après un périple de pratiquement une heure, après avoir fait 5 fois le tour du stade et parlé à 15 personnes, nous arrivons enfin devant le bon guichet. Encore une petite incompréhension sur le nom de Pierre (notre prononciation italienne n’est pas parfaite) et nous avons enfin nos tickets (120 F pièce tout de même pour un stade de merde). Nous essayons de rentrer dans la curva mais les contrôleurs sont inflexibles et nous nous résignons à passer le match à côté de la mythique tribune. A peine rentrer dans la tribune on se rend compte que nombre de jeune escalade le long d’une mince corniche (5 cm d’épaisseur) pour se rendre dans la Curva sous les yeux de contrôleurs qui s’en foutent complètement. Arnaud et Roulian après une petite hésitation suivent le même itinéraire et rendre dans la mythique Curva de l’Atalanta. Pierre et Georges pour cause de vertiges (6 mètres de vide avec des pics et des barbelés tout de même) ne suivent pas. Les deux rois de l’escaladent se rendent alors immédiatement aux boutiques tenues par les Ultras de Bergame (6 boutiques sous la tribune tout de même) et font quelques petits achats. Particularité vite ressentie par nos compères, une forte odeur d’épices très présente dans la tribune (ce n’est qu’un début). Pierre et Georges ont tellement saouler un contrôleur qu’il les laisse franchir un barrage et ils rentrent ainsi eux aussi dans la Curva. On voit la tribune se remplir petit à petit et on commence à voir des mecs avec des looks de plus en plus spéciaux.
Pour décrire l’ambiance qui règne dans la tribune c’est assez difficile. C’est une joyeuse anarchie avec en vrac : beaucoup de drogue, des pétards et des bombes qui sont lancés sur la pelouse (NDC : le pétard de Nelly c’était quedal à côté), des gens qui vont et viennent sans arrêt, des mecs et des filles habillées comme des clochards et surtout une tribune super bondée qui contient au bas mot 8000 personnes (ca fait rêver). Il y a environ une grosse dizaine de capo (dont le chef doit bien approcher les 45 ans) pour animer tout cela. Au coup d’envoi le spectacle est uniquement pyrotechnique. On verra en tout une vingtaine de torches (en plein jour cela ne donne pas grand chose), des stylos-fusées (tirés tranquillement par le chef Capo de 45 ans debout sur sa barre), des bombes d’une trentaine de cm qui arrachent des morceaux de pelouse quand elles explosent et des dizaines de pétards (en tout plusieurs centaines pendant le match). La tribune est un véritable bunker. Un mur en plexiglas de 3 mètres de haut avec des pics en acier et 6 rangées de barbelés par-dessus, plus un filet anti-projectile de bien 8 mètres de haut. Cela n’empêche pas plusieurs projectiles d’atterrir sur la pelouse non-loin des joueurs. Sur la pelouse une caméra filme tous les mouvements dans la tribune mais les Ultras ne s’en soucient guère (il n’y a pas l’ombre d’un carabinier dans le coin). Côté interiste, rien à signaler. Ils sont un bon millier venus en train, mais on ne les a pas entendu ni vu faire quelque chose. Pendant le match l’ambiance est bonne avec des grands drapeaux (6 mètres de haut) qui anime la tribune et toujours les bombes et les pétards qui explosent régulièrement. Côté chant c’est assez original mais typiquement dans le style italien, c’est à dire très puissant mais aussi très court (rarement plus de 20 secondes). Dans la tribune le haschich d’échange absolument partout et tous les ustensiles sont présent (pipe, schillum, bang, etc ...). On trouve également beaucoup d’alcool (vin, champagne, etc ...) et même un gars avec une massue dans la main !!! C’est vraiment une tribune où tout à l’air permis. A la mi-temps on fait un petit tour de la tribune et l’on se rend compte que tous les phénomènes observés jusque là sont en fait répandus dans toute la Curva. La deuxième période est du même niveau. Tout juste on pourra regretter que l’Atalanta ne put marqué un but (victoire 1-0 pour l’Inter) pour voir la réaction de la Curva.
A la fin du match nous faisons le tour pour voir si des incidents auraient lieu avec les gars de l’Inter mais il n’y eu rien à signaler. Il faut dire que le cordon policier était conséquent et que les récents incidents entre Atalanta et Brescia on dut encore renforcer la présence policière. On mettra près de 1h30 à sortir de Bergame à la fin du match à cause des bouchons. On comprend mieux pourquoi une très grande majorité d’Ultras de rendent au stade en scooter (avec des dizaines d’autocollants collés dessus).
Au retour on se trompe un peu de route et on se tape une nationale assez chiante et dangereuse (on verra 2 accidents en 30 kilomètres). Les discussions sont centrées sur le match que nous avons vu mais pas seulement, on abordera notamment : la présence des anciens UB90 au stade, la sexualité d’Arnaud, le cancer et même une question métaphysique : en premier l’œuf ou la poule ? (NDC : c’est vous dire le niveau des débats). On s’arrête en Suisse pour un petit MacDo (50 F le menu tout de même) et on rentre rapidement sur Strasbourg. Un super brouillard nous ralentira mais finalement nous arriverons à bon port. Un super souvenir que ce déplacement à Bergame et il en appelle peut être d’autre. En effet, le premier avril (c’est pas un poisson) a lieu Bergame/Naples et on va essayer d’y retourner alors si vous êtes intéressé...... |