Pour les dix ans du groupe, nous donnons la parole aux membres de la Vieille Garde qui regroupe les fondateurs du groupe. Ce sont évidemment les mieux placés pour nous faire revivre le début du groupe ainsi que leur vision de celui-ci à l’heure actuelle. Voici quelques points qu’ils ont souhaités abordés pour le dixième anniversaire du groupe. A noter que l’article écrit par Sylvain étant arrivé trop tard il ne peut être publié dans ce numéro (toutes nos excuses).
Pierre dit Pierrot dit l’homme aux mocassins
Naissance dans la douleur :
Il y a une dizaine d’année, le Kop strasbourgeois siégeait au centre de la tribune populaire Nord. Ce Kop, qui devait approximativement occuper un bloc, était principalement constitué d'un groupe illustre en son temps : les Meinau Boys. Ces fans avaient adopté un style anglo-saxon. Leur réputation à l'époque n'était plus à faire, puisqu'ils étaient connus et redoutés par l'ensemble des autres supporters français. Pour la petite histoire, sachez quand même qu'ils sont les seuls à avoir dérobé une bâche aux South Winners marseillais et qu'ils ont fait courir nombre de supporters adverses. Ces fans supportaient et aimaient profondément leur club, mais la violence était de rigueur et ils confirmaient leur réputation dès qu'ils en avaient l'occasion...
Autour des Meinau Boys gravitaient quelques supporters qui avaient pour seul objectif d'encourager le Racing. L'un des plus charismatiques portait un maillot Epéda couvrant un ventre qui n'était pas aussi développé qu'aujourd'hui...je vous le donne en mille...un certain Daniel.
En milieu de saison 90/91, nous commencions à reprendre confiance en notre équipe, qui se battait toujours pour se qualifier pour les barrages d'accession à l'élite et un déplacement en terre gueugnonaise se profilait. Cette après-midi-là, deux ou trois bus avaient fait le déplacement. Nous étions arrivés très tôt au stade, et nous voulions tous entrer dans notre tribune. Les contrôleurs de Gueugnon, très mal organisés, nous avaient d'abord fait faire le tour du stade, avant de nous dire qu'il fallait finalement revenir sur nos pas. Il n'en fallu pas plus pour déclencher les râles des supporters et les premiers incidents. Il y avait déjà beaucoup de tension dans l'air. Nous avons ensuite été placés dans un virage, sur une butte recouverte de cailloux...là encore les responsables de la sécurité avaient fait très fort. Pour finir, nous n'étions pas isolés des autres spectateurs qui passaient tranquillement dans le bas de la tribune. Au début du match une torche de la SNCF ramenée par notre père à tous (Dany) brûla pendant plus de 20 minutes...record toujours pas inégalé à ce jour (avis aux amateurs !!). Un fan en a d'ailleurs profité pour le prendre, passer le grillage, et aller provoquer les supporters locaux devant leur tribune...mais sans succès. Les Meinau Boys ont rapidement compris qu'il n'y avait pas d'adversaire au sein des fans locaux. Certains d'entre eux se sont amusés à canarder Durand, le gardien de but gueugnonnais, à l'aide des nombreuses pierres qui jonchaient le sol. Au bout d'un moment celui-ci en avait assez, il a ramassé une "caillasse" et l'a jeté en notre direction (elle est passée à 50 cm de ma tête). Cela a suffit pour mettre le feu aux poudres. Les Strasbourgeois provoquaient alors toutes personnes qui passaient dans notre tribune en leur lançant des pierres à la tête. Lorsque certains osaient répondre, ou même se retourner, ils étaient pris à partie et sévèrement corrigé...c'est le moins qu'on puisse dire. Des gaz lacrymogènes ont été lâchés et un ramasseur de balle avait été touché à la tête, ce qui a entraîné une interruption de jeu d'une vingtaine de minutes. La soirée fut encore sacrément agitée.
C'est sur le chemin du retour et en réaction aux violences de ce soir-là, que l'idée germa de créer un groupe de supporter distinct des Meinau Boys. Le Match suivant, une dizaine d'entre nous se sont regroupés dans le virage nord-ouest. Les gens ne comprenaient pas trop de quelle planète nous venions, mais notre foi était plus grande que leur regard moqueur. A la mi-temps de ce match, notre effectif avait plus que doublé...et ne continua pas de croître encore pendant de nombreux mois. Nous étions très fiers de ce que nous avions créé, car cela avait rapidement dépassé notre attente, à tel point que nous ne pouvions plus rien gérer. Le nom "Ultra Boys" avait été soufflé à Daniel par Joachim, un ancien Meinau boys. Il était originaire de Gijon en Espagne, qui comme vous le savez tous ont des Ultras qui portent le nom d'..."ULTRA BOYS".
Alors UB ou UB90 ?
Lorsque j'entends actuellement certains nouveaux membres utiliser le terme d’ « UB » comme abréviation d'"ultra boys 90" je ne peux m'empêcher de sourire. Cela vient du fait que nous avons du mener un combat à propos de notre identité contre le club central des supporters, et que je me rends compte aujourd'hui que nous l'avons gagné...
Pour mieux m'expliquer et vous racontez ce périple de notre existence, je vais revenir dix ans en arrière au moment de la création du virage. A cette époque nous avions adopté le nom d'ultra boys et notre objectif principal était de soutenir le Racing. Au fil des matchs et des résultats positifs de l'équipe, de plus en plus de supporters venaient grossir nos rangs. A un tel point, que lors des grandes affiches de l'année de la remonté, le virage, bondé, contait près de 2500 fans (officiellement il y a 3000 places par virage). Pendant ce temps-là, les ultra boys qui animaient du mieux que possible le virage, étaient tout de même un peu noyés dans la masse de ce KOP qui arborait leur nom. C'est le moment que choisi le CCS, et surtout son emblématique président, pour déposer légalement le nom d'ultra boys. Ceci a été fait de façon aussi lâche qu'irrespectueuse... A partir de cet instant, nous avions perdu tout contrôle de notre nom. Le CCS en a donc profité pour réaliser des gadgets (vestes, écharpes...) et donc avoir le culot de se faire de l'argent sur notre dos ! Le comble est qu'il a nommé un président aux ultra boys, qui devenait alors un sous-groupe du CCS.
Les anciens fondateurs, qui avaient depuis un moment déjà adopté le modèle italien, ont alors décidé de réagir. Ne voulant pas abandonner leur nom, ils y ont ajouté leur année de création : les UB90 étaient nés. C'est à partir de cet instant que le mouvement ultra a été pleinement lancé à Strasbourg. Leur première décision importante fut de quitter le virage en 1993 pour y revenir quelques mois plus tard et s'y imposer définitivement. A partir de là commença une lutte UB90/UB...Mais la foi était de notre côté et nous avons rapidement pris le pas sur nos modestes adversaires. Voilà pourquoi, les anciens utilisent encore en règle générale plutôt le nom d'UB90...
Daniel dit Dany dit Couille de loup dit le Krydre
La création du groupe :
Avant la création des Ultra Boys, il n’y avait aucune culture ultra à la Meinau et très peu d’animation. Nous étions en populaire Nord où nous accrochions nos drapeaux au grillage. En novembre 1990 suite à un match houleux à Gueugnon nous avons décidé de créer notre propre groupe de supporters, ayant comme modèle ce qui se faisait en Italie. Après réflexion, nous avons choisit le nom d’ « Ultra Boys » reprenant le nom des Ultras de Gijon en Espagne. Ainsi, nous avons pour la première fois posé notre bâche en 1/4 de virage. Nous avons commencé à emmener des drapeaux, fabriquer des gadgets (avec la collaboration des dirigeants de l’époque). Nous avons également cramé nos premières torches et créés nos premières animations.
Tout s’est embrayé très vite, notamment grâce aux résultats et la remontée de l’équipe en D1. Le 1/4 de virage est devenu la tribune mythique que vous avons connu. C’est ainsi qu’a commencé le mouvement Ultra à Strasbourg. Mais tout n’était pas gagné et il a fallu longtemps batailler pour acquérir une indépendance et une identité propre (Cf. l’exemple de la descente en populaire en 1993).
Aujourd’hui, le groupe fête dix ans d’une histoire riche et tumultueuse. J’ai personnellement très mal vécu le changement de direction à la tête du club il y a 3 ans. Le Racing a perdu son âme, il n’y a plus de vie de club. Malgré cela, le groupe a continué et c’est même renforcé grâce au dévouement et à la foi d’une poignée qui lui a permit de garder la tête hors de l’eau. Ce travail acharné a trouvé la récompense dans l’émergence d’une nouvelle génération d’Ultras. Voilà qui me laisse à penser que la relève est bien là et que l’avenir du groupe est assuré.
Le groupe actuellement :
Je suis fier de voir tous ces gars s’investir autant dans le groupe. De nombreux déplacements totalement indépendants, la sortie de superbes gadgets et d’autres fiertés comme le fanzine ou le site Internet.
Je suis fou de joie en les voyant passer leurs soirées et leur week-end à faire vivre ce groupe qui représente ma vie. J’espère que le groupe restera ouvert à tous ceux qui par leurs chants et leur ferveur souhaitent pousser l’équipe au sommet et afficher la fierté de nos couleurs. Pour moi, c’est la base du mouvement Ultra.
La Vielle Garde :
Elle est née suite à une idée de Sylvain, mon meilleur pote. Elle est donc composée de nous deux et de Pierre, les trois qui ont toujours été présent depuis le début. Notre symbole est une réplique du logo d’une section des Fighters de la Juve.
Cette section représente à mes yeux l’amitié qui nous uni avec Pierre et Sylvain, avec pour tâche de fond, 10 ans de passion et de ferveur pour le Racing. |