Vu le développement d’Internet depuis 2-3 ans, les Ultras ne pouvaient pas échapper au phénomène. La nouvelle technologie est-elle un simple hobby virtuel ou a-t-elle des effets concrets ?
Actuellement, tous les groupes Ultras ont plus ou moins un site, la qualité variant beaucoup selon qu’ils soient à jour, esthétiques, complets, etc. Le site Web est en quelque sorte une vitrine, à travers laquelle on peut (presque) tout connaître du groupe : on y trouve en principe les comptes-rendus de match, la présentation du groupe, avec son histoire, ses activités, ses délires, on peut y apercevoir les gadgets et les photos, parfois même des vidéos, et selon les sites on y trouve des espaces de discussion (forum) où l’on peut communiquer par message, etc... Instruments d’information et de connaissance, les sites Internet sont une source de renseignements indéniable, qui évite de devoir passer par des correspondances sur papier, plus longues et plus fermées (mais toujours utiles pour s’échanger du matériel ou pour ceux qui n’ont pas le net !). Il arrive même que le site soit une porte d’entrée, comme cela a notamment été beaucoup le cas pour nos NS. Information et intégration, le net n’aurait donc que des avantages ? Non bien sûr, d’une part parce que c’est un outil peu répandu et qui ne touche que peu d’Ultras (ne raisonnons pas uniquement par rapport à notre petit groupe d’actifs), et d’autre part parce qu’étant un moyen d’expression libre, n’importe qui peut, par l’intermédiaire des forums par exemple, s’exprimer sur un sujet qu’il ne connaît pas ou « mythonner » à outrance (vantardise, insultes...), ce qui nuit et à l’image du groupe, et à l’intérêt de ces espaces de communication. On peut d’ailleurs regretter ces gamineries car, las de toutes les conneries écrites (elles n’ont pas de limites pour certains !), les forums disparaissent ou sont de plus en plus restreints par des codes d’accès (ce qui limite donc la participation), étant évident qu’on ne peut pas passer sa journée à faire le tri et effacer les trois-quarts des messages. En marge de ces sites individualisés apparaissent des sites plus généraux, regroupant des informations sur l’actualité Ultra et souvent hool, en France comme en Europe. L’information est donc rapide, et, parfois officielle (sources AFP par exemple), assez fiable.
Venons en maintenant à (dièse)Ultras. Mais qu’est-ce que c’est donc que cela me direz-vous ? (dièse)Ultras, c’est LE site de discussion en direct en France. Pour faire bref, et sans entrer dans les détails informatiques, on va dire que c’est une espèce de site Internet où les Ultras se connectent, et où toutes les personnes connectées peuvent discuter avec toutes les autres personnes présentes sur (dièse)Ultras. Mis en place il y a bientôt 2 ans par un Parisien, (dièse)Ultras réunissait à l’époque quelques habitués uniquement le soir, mais désormais on y trouve du monde à toute heure de la journée, et le soir il n’est pas rare de trouver 20 à 30 personnes connectées en même temps. On peut donc directement discuter avec des Ultras d’autres groupes, ce qui est toujours enrichissant. Par ailleurs, vu le temps que certains y passent, c’est un moyen d’intégration au groupe (si plusieurs du même groupe sont connectés) et même à la culture Ultra en général. Evidemment, il y a des touristes et des myhtos, mais ça, on n’y échappe pas dans le milieu supporter, et en plus un système permet de déconnecter les indésirables. Pour autant, tout n’est pas rose. (dièse)Ultras comporte en effet des dangers. Il peut refléter une image tronquée de la vie du groupe, car il faut bien comprendre que n’importe qui peut se connecter, même les touristes du groupe. Il faut donc apprendre à repérer les personnes intéressantes et dignes de confiance. Naturellement, selon le temps qu’on y consacre (tous les soirs pour certains), des sympathies apparaissent, parfois contre-nature.
En effet, au-delà des rivalités de groupe, les relations humaines et individuelles reprennent le dessus, et il peut arriver que des liens se nouent entre Ultras de groupes opposés au stade. Ainsi verra-t-on par exemple des Strasbourgeois sympathiser avec des Messins ou des Marseillais sympathiser avec des Bordelais. (dièse)Ultras forme un cercle d’habitués, et ceux-ci peuvent avoir envie de se rencontrer en marge des groupes. Et c’est là que les difficultés surgissent. Car si en effet on ne voit a priori aucun problème à certaines rencontres (UB90 et Red Tigers ou Brigade Loire en ce qui nous concerne), d’autres peuvent poser plus de problèmes. Comment concevoir qu’un Ultra sympathise avec un de ses « ennemis » ? Autrement dit, un UB90 a-t-il le droit de sympathiser avec un Horda par exemple ? (dièse)Ultras ne fausse-t-il pas la réalité ? Un exemple récent est assez significatif. Il se trouve qu’un membre du CU84 a sympathisé avec un UM (Bordeaux pour ceux qui ne suivent pas). Mais le pas a été franchi et notre Marseillais a invité son homologue bordelais à assister à un match au Virage Sud. Comment réagir ? Comme le CU84, qui a menacé, exclu et interdit de tribune un des siens ? En l’espèce il faut tout de même souligner que les deux Ultras considérés ne faisaient pas partie du noyau, et qu’il s’agissait évidemment d’une invitation informelle, entre deux potes, et qu’il n’a pas été question de s’afficher Bordelais ou d’aller au local marseillais. Faut-il de même exclure l’UB90 qui sympathise avec un Messin ? Faut-il bannir le Nantais qui sympathise avec le Bordelais ? Traquer le Stéphanois qui sympathise avec le Parisien ? On peut s’en rendre compte, cela peut aller assez loin. Evidemment, il s’agit de ne pas mettre en péril le groupe, mais l’individu doit-il pour autant disparaître derrière des principes établis ? A chacun ses responsabilités ! Le CU84 a profité de l’occasion pour rappeler à ses membres que tout contact avec des Ultras d’autres bords, par le biais des correspondants par exemple, est prohibé ! Le Strasbourgeois qui sympathise avec le Messin sait pertinemment que cela les concerne eux deux, et qu’il ne s’agit en aucun cas d’impliquer leurs groupes. Sympathiser avec un Ultra dit rival ne remet pas pour autant en cause sa participation et son implication dans la vie de son groupe. Chacun sait qu’au stade la rivalité entre groupes persistera. Laissons à chaque internaute la maturité de savoir jusqu’où il peut aller, tout en rappelant certains principes. Il ne s’agit pas non plus de tomber dans le copinage tant naïf qu’intensif. Les situations particulières évoquées sont tout de même peu courantes. Mais elles existent, alors autant y réfléchir... |