Il est 1h50 du matin, je dors profondément quand mon idiot de portable se met à hurler. Le temps que je sorte de ma couette, j’ai un message et j’entends quelqu’un brailler : Ajax, Ajax we are fucking Ajax !!! Il est 1h53, Hugo est bourré, on voit qu’il a fait connaissance avec nos potes du Feyenoord Rotterdam. Il est 1h55 je me recouche. Merci à toi Hugo de m’avoir rappelé que ce soir nous suivrons le match FC Basel – Feyenoord Rotterdam comptant pour la coupe d’Europe, mais je n’avais pas oublié.
Quelques heures plus tard, le Hugo arrive avec Guido et Roger (les Hollandais pour ceux qui n’auraient pas compris) et nous prenons la route direction Mulhouse pour chercher Boris le Danois ! En route, je m’aperçois que Roger (le conducteur) tiens dans sa main droite une bière et dans l’autre un rasoir électrique. Mais comment fait-il pour conduire sa Corsa spéciale déplacement ? En effet, le gars a une voiture pour les matchs à domicile et une autre assez « pourrave » pour les déplacements (NDC : On ne sait jamais, si on rencontre des fans l’Ajax ...). Après avoir récupéré Boris et déposé la voiture de Roger, nous prenons l’autoroute vers Zurich car le FC Bâle n’a pas eu l’autorisation de jouer à domicile (il y a des travaux au stade je crois). Arrivés à la douane, nos deux amis hollandais voient qu’une voiture de chez eux est sérieusement bloquée par les douaniers. Petit moment de silence. Puis d’un seul Homme, leurs visages s’éclairent, leurs doigts se tendent et de leur cordes vocales sortent des « Ajax, Ajax we are fucking Ajax ». Ben oui, à quelques kilomètres de nous (à Lausanne pour être précis), joue ce soir les ennemis héréditaires du Feyenoord, les fans de l’Ajax (drôle de coïncidence, c’est comme si Paris jouait un match à Milan et que les Marseillais joue à Turin, le tout avec 2 heures de différence).
Alors que nos estomacs crient famines et que nous sortons à la première station service, nous ne sommes pas accueillis par un con de patron d’une station service (comme à Guingamp) mais par une dizaine de flics suisses armés jusqu’au dents. « Papier s’il vous plaît ! ». Nous donnons nos papiers et autres passeports puis chaque gars est méticuleusement fouillé. Même le moteur de ma voiture est fouillé des fois qu’une dizaine de Hollandais seraient cachée dedans. Le chef de la Polizei revient avec nos papiers et l’on se dit que nous allons enfin pouvoir vider nos vessies et remplir nos estomacs. Que neni ! Ils nous ordonnent de ne pas nous arrêter jusqu’à Zurich (quelle que soit la station service) et sur un ton, ma foi, assez autoritaire. Notre faim ne s’étant pas estampée nous nous jetons alors sur les « muffins » de la mère du Danois. Après plusieurs périples, nous arrivons à Zurich. Affamée comme des Ethiopiens, nous assaillons le premier Mac Do. Dans ce lieu cher à notre José Bové national, nous ne sommes pas les seuls supporters du Feyenoord, d’ailleurs toute la ville est remplie de Rouge et Noir.
Pour bien marqué leur présence, les Fans bâcheront au Mc Do et dans l’ensemble des bars.
Après s’être rassasié, nous partons à la recherche d’un Pub soi disant rempli de SCF et autres VAK-S que nous trouvons sans trop de difficulté. Il est certain que dans ce bar, c’est l’élite des Hools de Rotterdam qui étaient présent. De « sacrés têtes » boivent bière sur bière, certains me demandent même du Coke (comprenez Coca-cola) ou bien de la Coke, j’avoue que je ne sais pas trop. Toujours est-il que beaucoup reniflent sans cesse. Roger nous paye un coup et on discute d’eux, de nous etc... Et là j’apprends qu’à Rotterdam, les supporters ont un abonnement domicile mais aussi un abonnement extérieur sans lequel vous ne recevez pas de billet. De plus, pour conserver cet abonnement extérieur, vous devez effectuer 80 % des déplacements de votre équipe favorite sinon plus de cartes, plus de billets et plus de déplacements.
Vers 17 heures, direction le stade, que nous avons du mal à trouver, pour récupérer les billets. Mauvaise nouvelle, nos billets arrivent en même temps que les responsables du FCB soit à 19h. On en profite pour se désaltérer vu qu’il ne faisait pas chaud et pour en apprendre un peu plus les uns sur les autres. Entre temps, nous rejoignent Gauthier et monsieur V. qui dès leur arrivée « enc...le » une Volvo. Bravo à eux.
Bien entendu, il se met à pleuvoir comme à tous les déplacements. Un des points forts des fans de Feyenoord est leur capacité à se déplacer, pour ce simple match de coupe d’Europe ils sont 1500. On devrait prendre exemple. Encore une mauvaise nouvelle car nos billets ne donnent pas dans la même tribune que Roger et Guido. Nous serons placés derrière le but mais sous ces derniers. En fait nous sommes dans la tribune des « interdits de stade ». Tous ont du matos « SCF » et on s’installe donc au milieu d’eux. Le match est correct, l’ambiance est bonne, Feyenoord gagne. Les Hollandais ont un style anglais avec des chants assez long. Ils ne chantent pas 90 minutes mais cela reste soutenu. La bonne nouvelle vient des Ultras Bâlois qui assurent. Toute la panoplie du parfait Ultra y passent : chants, grecques, étendards, voile etc... D’ailleurs à l’entrée des joueurs, un tifo carton de différentes couleurs (sur tout le stade) est organisé. De plus, le public participe bien ce qui nous donne une bonne ambiance européenne.
Le match terminé, nous rejoignons nos voitures, buvons encore quelques bières. Les Hollandais en profitent pour acheter une écharpe à la boutique du coin. Guido revient essoufflé et nous demande de le suivre car la « fight » a commencé. Le temps d’arriver, les flics ont déjà rétabli l’ordre à coup de matraques. Nous reprenons le chemin du retour. Il s’ensuit une très intéressante discussion sur le mouvement supporter où chaque personne raconte sa petite anecdote. Nous arrivons à la douane française, je redoute la présence de Fans de l’Ajax car je crois bien qu’ils n’épargneraient pas ma 306. En fait, il n’y aura personne.
Nous arrivons à Mulhouse et je donne rendez-vous aux Hollandais, samedi pour la venue de l’OM pour retomber dans l’anonymat de notre championnat où notre équipe fait bien pâle figure. |