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Focus : Inter de Milan

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28 ans. 28 années de joies, d’émotions, de folie et naturellement de tifo. Voilà maintenant près de 28 ans que l’amour porté par certains italiens pour les couleurs noires et bleues de l’Inter c’est transformé en une passion extrême : le mouvement Ultra intériste.

Tout a débuté vers la fin des années soixante. De ce temps là, l’Inter raflait tous les trophées nationaux (Scudetti en 63, 65 et 66; Coupes des champions contre le Réal et le Benfica en 64 et 65 ainsi que deux coupes intercontinentales les mêmes années.) et possédait des joueurs qui marqueront à jamais l’histoire du football (Mazzola, Fachetti, Jaïr, Suarez, etc ...). A cette époque, les premiers « Inter club » apparurent dans toute l’Italie et après quelques années dans le monde entier (Brésil, USA, Angleterre, Suisse, Ecosse, France, Canada, Japon etc ...). Les « Inter club » sont en réalité des groupes de fans relativement bien structurés et actifs (réunion, fête) mais en général, ils n’appartiennent pas au mouvement Ultra intériste. On peut recenser environ 750 « Inter club » en Italie et environ 40 à l’étranger.

Très vite, certains fans un peu plus chauds que d’autres décidèrent de se regrouper derrière le virage Nord du stade Giuseppe Meazza de Milan : la Curva Nord. A ce moment là, comme un peu partout en Italie (à la Sampdoria de Gênes notamment), le virus du mouvement Ultra pris naissance; nous sommes au début des années soixante - dix.

Dans la Curva Nord de San Siro, 2 groupes vont voir le jour : les Boys S.A.N. (S.A.N. signifiant « Squadra di assalto nerazzura » autrement dit équipe d’assaut noire et bleue) et les Forever Ultras. Parmi les plus fidèles membres des Boys S.A.N. on pourra signaler la présence du futur mythique gardien de l’Inter des 80, 90 à savoir Walter Zenga. Quelques années après la création des Boys S.A.N., les premières sections apparaissent : Boys Roma (en 79), Boys Torino, Boys Marche, Boys Reggio, etc ... Une réputation de groupe violent et fascistes va très vite coller à la peau des Boys S.A.N. et de toute la Curva Nord. Les années 80 vont marquer l’apparition de nouveaux groupes au sein de la Curva Nord : Brianza Alcoolica (en 85), Skins (en 87), Viking (en 88) et Irriducibili (en 93 avec ses sections : San Remo, Verona, Venezzia, Europa, etc ...). D’autres groupes, d’effectifs moins importants et placés au second plan de la Curva, vont également apparaitrent (certains n’existes plus à l’heure actuelle) : Bunkers, Warriors, Gruppo Deciso, Bulldogs, Sturm und Drang, Perversi, Hooligans, nord Kaos, Monkeys, Longobards, Milano Nerazzura, etc ..... La Curva Nord est en jumelage avec Verona, la Lazio et Cagliari. Ces jumelages sont essentiellement dus aux affinités politiques (la Lazio et Verona étant toutes les deux des Curva d’extrême droite).

Ce qu’il y a de marquant dans la Curva intériste, c’est qu’à travers l’engagement des Ultras de l’Inter dans le mouvement Ultra, on peut distinguer deux choses :
D’abord, les Ultras de l’Inter expriment une réelle passion pour le passé, le présent et l’avenir de l’Inter. Cette passion, cet amour, cet engouement pour les couleurs de leur club frôle quasiment la folie. Et ceci se ressent à travers les chants, les extraordinaires ovations réservées à l’équipe ou à certains joueurs, à l’explosion de joie lorsque l’écran géant du stade affiche une défaite du Milan A.C. à l’extérieur.
Ensuite, on remarque que les Ultras de l’inter manifestent à travers le mouvement Ultra leur fierté de supporter une ville du nord de l’Italie. Par conséquent, leur haine se trouve dirigée vers les clubs de Sud comme Naples. Il est important de savoir qu’en Italie les disparités Nord - Sud sont très marquées. En effet, l’Italie du Sud est jugée par les nordistes comme étant la source des problèmes économiques du pays et comme étant une région arriérée du temps du Moyen - Age. Cette disparité et cette haine réciproque ce fait donc naturellement ressentir dans les tribunes; ceci permet donc de se rendre compte qu’un match comme Inter - Naples est classé à très hauts risques.

Venons maintenant à la rivalité avec le « cugino » (cousin) du Milan A.C. De la part des Ultras de l’Inter, le Milan A.C. et ses supporters appelés « milanistes » sont jugés comme étant par définition inférieurs. Déjà, le Milan A.C. a connu par deux fois la série B (seconde division italienne) alors que l’Inter n’est jamais descendu de son histoire. De plus, il y a quelques années de cela la Curva Sud (Milan A.C.) était en jumelage avec les deux plus grands clubs du sud à savoir l’AS Roma et Naples. Un slogan revient également fréquemment lors des derbys : « Da sempre superiori, mai stati in B » (Depuis toujours supérieurs, nous n’étions jamais en série B). Jusque dans les années 80, les derbys faisaient l’objet d’une véritable guerre entre les deux Curva. Il y eu même de nombreux blessés et chaque match se finissait dans un bain de sang. Mais à présent les choses ont changés, il n’y a plus de violence physique à proprement dite mais seulement une violence verbale. Effectivement, les milanistes se font traiter de « bastardi » (bâtards) et « d’ebrei » (juifs) par toute la Curva Nord. La violence a été jugée absurde par les 2 Curva et c’est ainsi que Franco Caravita (Boys S.A.N.) et Giancarlo Capelli (Commando Tigre Milan) ont signé un pacte de non - belligérance en 1983.

Parlons maintenant de la mentalité de la Curva Nord. Les personnes qui fréquentent cette Curva ont approximativement 25 ans. Dans les années 80 on y trouvait pas mal de skinheads (d’où la fondation du groupe Skins Inter), mais maintenant cette tendance a fortement diminuée. On trouve tout de même certains hooligans et certains casuals au sein de la Curva Nord. Ce qu’il faut savoir est le fait que cela peut dégénérer très vite à l’intérieur de la Curva. Un penalty refusé, une provocation d’un joueur adverse envers la Curva et ce sont des bouteilles, des pièces de monnaies, des sièges qui commencent à voler et tout ceci dans un mouvement de foule et dans un bruit incroyable. C’est la même chose lorsque l’Inter marque un but important, dans la Curva c’est de la folie et ceci sans limites puisqu’on trouve même des blessés (il est même arrivé que certains spectateurs tombe malgré eux de la Curva et ceci d’une hauteur de 20 m environ). Pour preuve de la folie des supporters, il n’y a qu’à entendre Youri Djorkaeff lorsqu’il a marqué un formidable but lors de
Inter - Roma : « Je ne peux rien expliquer, mais j’ai eu peur que le stade s’écroule à cause des supporters » (L’équipe du 6 Janvier 1997). La Curva Nord est aussi une Curva qui a du caractère. En effet, lorsque des problèmes se présentent au sein du club, de vastes mouvements de protestations sont organisés. Par exemple, le 12 Novembre 1994, de nombreux Ultras se sont rendus au camp d’entraînement afin de protester et de mettre la pression derrière les joueurs. Certains joueurs furent coursés (Berkamp par exemple), d’autres furent agressés physiquement et verbalement. Mais la Curva Nord, si les joueurs le mérite, sait aussi être plus tendre avec certains joueurs. Prenons l’exemple de l’anglais Paul Ince (NDC : un noir soit dit au passage !), il fait partie des joueurs préférés de la Curva Nord. Pourquoi ? Parce qu’il n’hésite pas à mettre le pied quand il le faut et parce qu’il a une mentalité de combattant. Certains joueurs ont eu le privilège d’être invité dans la Curva Nord lorsqu’il ne pouvait pas jouer (Paul Ince lors de Inter - Fiorentina de la saison passée et Youri Djorkaeff lors de Inter - Juventus en coupe d’Italie).

Voilà en quelques lignes, l’histoire et l’évolution de la Curva Nord. Mais il y aurait encore tant d’autres choses à écrire.

(NDC : La rédaction du Goujon Frétillant remercie Sébastien pour son superbe article sur les supporters de l’Inter. Si vous désirez plus de renseignement écrire à Sébastien qui est membre de la section Europa des Irriducibili.)

SCHIR Sébastien
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