Interview : Jacky Duguépéroux
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Ayant essuyé un refus de F. Lebeouf (« j’ai pas le temps !! »), nous nous sommes rabattus sur J. Duguépéroux. Voici le résultat de nos investigations.
Goujon Frétillant : Voyez - vous un net changement dans la mentalité des supporters entre votre carrière de joueur et celle d’entraîneur ?
Jacky Duguépéroux : Je crois qu’il ne faut pas trop comparer les générations que ce soit entre les joueurs et les supporters. A Strasbourg j’ai joué des matchs de première division parfois devant moins de 2000 personnes l’année où on est descendu. Il y avait aussi des superbes années avec parfois 35 ou 36000 personnes. Malheureusement je pourrais dire que les supporters sont là quand tout va bien et ils sont un peu moins présents lorsque tout va mal (mais c’est un peu le lot des équipes Françaises).
Par contre ce que je voudrais dire s'est que je suis allé voir un match de coupe d’Europe en Italie entre la Roma et le Slavia de Prague, la Roma a été éliminé après prolongations et il y avait 65000 spectateurs qui se sont levés et qui ont applaudi leur équipe. C’est vrai que là bas c’est un autre monde. Mais il y a aussi des gens du Kop (NDC : Daniel ?) qui sont allés vois un match à Milan où l’Inter a perdu 2-0 contre la Sampdoria et qui ont été surpris de voir le comportement du public vis à vis de son équipe même si elle a perdue. (NDC : on a été obligé de couper un peu de l’interview car elle était vraiment trop longue, je mettrais le symbole (...) pour signaler les endroits où il manque du texte. Nous tenons le texte original a la disposition des gens qui veule le consulter.)
GF : Faites - vous la différence entre un supporter Ultra et un supporter dit classique ?
JD : Il y a les supporters, je pense que c’est les Ultras, et puis il y a les spectateurs. Ce qu’il se passe dans votre ¼ de virage, c’est vraiment super. C’est quand même la seule partie du stade où l’on sent qu’il y a chaque fois une présence, quelqu’un derrière l’équipe même quand ça ne vas pas trop bien, et c’est très important. De plus je dirais que vous êtes très mal placé parce qu’une position un peu plus axiale serait encore plus intéressante pour essayer d’entraîner le reste du stade (NDC : merci du conseil Jacky !).
GF : Faites - vous une différence entre le Kop Lensois et le Kop Marseillais ?
JD : Je crois qu’à Marseille c’est un peu comme à Strasbourg (NDC :cool la comparaison !). Marseille c’est tant que ca tourne très bien, ils sont là et puis , c’est une répétition, il y a des hauts dans le club et tout le monde était là et ensuite le club est descendu en 2ème division, il n’y avait plus grand monde dans le stade à certaines époques. Cette année c’était pareil, il y avait du monde quand on était devant et ensuite un désintéressement. Hier soir j’ai été voir Metz - Monaco et il y avait plus une seule place à vendre, le stade était plein. Les supporters Messins nous ont donné une leçon (NDC : merde ça me fait chier qu’il nous donne une leçon les Messins !) parce que leur équipe s’est fait balader contre Monaco et je dirai qu’il y a eu quelques sifflets . A Strasbourg cela aurait été bien plus que quelques sifflets. C’est vrai qu’ici les supporters sont comme ça parce qu’on promet des choses et qu’on arrive pas à tenir, c’est peut être une raison.
GF : Mais voyez - vous une différence dans la manière de supporter entre les Lensois et les Marseillais ?
JD : A Lens, c’est plus sain et les supporters Lensois acceptent l’équipe adverse alors qu’à Marseille, c’est différent, il y a plus de ségrégation (NDC : de la ségrégation dans la patrie des Winners, quelle nouvelle !) et à Lens c’est plus une ambiance de fête, avec moins d’agressivité qu’à Marseille.
GF : La semaine dernière vous avez dit que vous « ne dédiez pas la victoire de Cannes au public, car il ne le méritait pas » ....
JD : .... Quand je parle comme ça, je veux dire public en général. Mais on peut faire une différence entre le ¼ de virage et le reste du stade. Vous vous êtes des vrais supporters. Je ne sais pas si vous étiez à St Etienne (NDC : on y était, t’inquiète pas Jacky !), je l’ai fait une seule fois. Je suis allé les voir parce que cela me rend malade et ca me fait chier de voir ça. Il faut le faire, et ca me rend fou parce quand vous faites des déplacements et que vous voyez ce qu’on fait à l’extérieur.
GF : Justement ont voulaient vous remercier pour ce geste à la fin du match.
JD : C’est parce que j’avais, ben .... mais il faut que vous sachiez bien que ce qu’il arrive là, les joueurs quelque part en sont aussi conscient mais un peu moins que nous qui sommes sur le banc. (...)
GF : Avez - vous toujours eu de bons rapports avec les supporters ?
JD : Je n’ai jamais eu de problèmes. Quand je jouais, je crois que j’étais bien aimé par les gens et puis là jusqu’à présent ca se passe à peu près bien. Mais je sais que c’est un peu comme en politique, il y a une période d’état de grâce, comme on appelle ca, et que la saison suivante sera plus difficile pour moi que cette saison.
GF : L’apport du public pour vous, est ‘il important ?
JD : Bien sûr car un club, c’est un tout. Il y a la direction du club, l’équipe et dans l’équipe je mets l’entraîneur, le staff, le recruteur et bien sûr les joueurs. La 3ème partie, c’est le public. Pour qu’un club marche bien, il faut qu’il y ait une osmose entre les trois. C’est à dire, il faut qu’il y ait une bonne direction, une bonne équipe, et à partir de là, on peut faire quelque - chose sur le terrain. Alors le public vient, c’est comme cela que sa se passe (...).
GF : Quel est le stade qui vous a fait la meilleure impression en France ?
JD : Lens est assez impressionnant parce qu’on arrive une heure avant le coup d’envoi, c’est déjà plein, ils chantent déjà. Et quand on sort du tunnel, c’est quand même le public Lensois qui est le plus chaud et qui respecte malgré tout l’adversaire, c’est un peu ce qui change des autres.
GF : Et en Europe ?
JD : Je n’ai pas assez d’expérience pour ....
GF : ..... Mais vous nous avez parlé de Rome ?
JD : Oui j’ai parlé de Rome et je suis allé voir Milan AC/ Juventus, c’est vraiment un autre monde, c’est 85000 spectateurs, c’est l’Italie. Il y a aussi Barcelone et le Réal, là - bas aussi le football est une religion.
GF : Que pensez - vous de la loi Alliot - Marie qui interdit les fumigènes et les mégaphones ?
JD : Si c’est dangereux pour la sécurité des gens qui sont sur la pelouse ou même les spectateurs, je crois qu’il faut les interdire. Mais si c’est pour manifester sa joie ou être content de participer à une fête, ca dépend dans quel sens c’est employé. On a déjà vu les Stéphanois, les Parisiens et les Marseillais se balancer des fumigènes, là c’est normal qu’on les interdisent, par contre si c’est pour manifester sa joie d’être au stade, je crois que l’on devrait les laisser. Après le tout est de savoir à qui ont a affaire, des conscients ou des inconscients.
GF : Et le mégaphone, vous a - t - il déjà gêné ?
JD : Non pas du tout, cela ne pose pas de problèmes.
GF : Etes - vous attentifs aux animations qu’on fait dans la tribune avant le match ?
JD : Moi, je ne sors pas trop avant ....
GF : .... Mais c’est à l’entrée des joueurs !
JD : Ah oui, à l’entrée des joueurs ! Je ne sais pas s'ils font partie de votre groupe, je parle de ceux qui ont la cigogne et tout ça (NDC : non merci Dieu nous en garde !!), non ? Enfin peu importe, je ne fais pas trop attention, sauf à ceux qui sont à cotés et qui font leurs tour de terrain. Je suis dans le match, je regarde s’il y a du monde ou pas et ça on le sent, ça vous donne la température.
GF : Mais vous ne faites pas attention aux spectacles qu’on fait dans le ¼ de virage ?
JD : Si, ceux quand vous faites les papiers bleus et blancs ? Bien sur c’est super ça.
GF : Vous pouvez nous en citer un de cette année ?
JD : Non, pas vraiment, je suis désolé. Mais c’est quand même quelque chose qui marque. Par exemple hier à Metz, c’était impressionnant et sincèrement, je ne veux pas vous raconter de salade, mais c’est quelque chose quand on voit tous ce que vous pouvez faire, qu’on ne voit plus les gens à cause d’un drapeau.
GF : lors de RCS/Milan AC seulement 26000 personnes, qu’en pensez - vous ?
JD : C’est bien dommage et c’est anormal parce qu’on a un stade où il n’y a jamais eu de problèmes, jamais d’incidents, et on a plutôt été sanctionné parce qu’on a pas accepté la coupe du monde, plutôt qu’autre chose. Strasbourg n’aura plus tellement de cadeau quand il y aura des occasions comme ça. On a vu hier à Bordeaux, il y a 35000 places et on a vus 35000 spectateurs. Nous on nous a amputé une quinzaine de milliers de places à peu près et c’est dommage pour tout le monde, pour ceux qui n’ont pas pu venir et pour les joueurs.
GF : Pensez - vous comme l’UEFA qu’un stade entièrement assis réduirait considérablement la violence ?
JD : si on prend Strasbourg, il n’y a pas de problèmes. Vous ça va vous poser des problèmes pour les animations je pense. Et encore ce n’est pas vrai, car hier soir (Metz/Monaco), il y avait une animation en tribune debout et aussi une animation en tribune assise. Mais c’est vrai que cela ne doit pas être pareil.
GF : Le problème ne sera pas les animations, mais quand on chante, on saute aussi, et là .....
JD : ... C’est sûr que sa pose un problème. Les Lensois en auront aussi ! Mais je crois que c’est un faux problème.
GF : Mais les sièges favorisent la violence, puisqu’ils peuvent êtres arrachés .....
JD : .... Et balancés comme on voit au Parc des Princes ? C’est vrai !
GF : On va revenir sur un truc qui sera peut être un peu plus dur pour vous, mais voyez - vous différemment la défaire contre Nîmes après leur qualification pour la finale ?
JD : Non cela ne change rien. La déception est toujours la même et on va trainer ça comme un boulet pendant longtemps. Mais je crois que l’on remet trop de chose en question par rapport à cette défaite. (...) Je crois que ca prouve que tout est possible à Strasbourg, c’est vrai, je ne cherche d’excuses, mais je ne crois pas que la vie du club doit s’arrêter à ca. Sinon à St Etienne, ils peuvent se flinguer, à Montpellier ils peuvent se flinguer et à Strasbourg aussi on peut se flinguer. Ici on est excessif dans tout ! Mais cela n’atténue pas la déception, c’est pas vrai.
Remerciement à Jacky Duguépéroux de nous avoir donné un petit peu de son temps pour répondre à ces questions. Maintenant à vous de vous faire une opinion. |
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