Et le foot dans tout cela...
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Suite à l’article paru dans le dernier zine et compte tenu de l’actualité « extra-terrain », notamment à propos des coulisses de la Coupe du Monde, nous allons pour une fois sortir de notre sujet habituel. En effet, l’évolution du foot au niveau mondial (flambée des prix des transferts, des salaires, des budgets des clubs, lesquels sont côtés en bourse, explosion des droits télés, etc ...) n’est pas sans conséquence pour les supporters (nouvelles normes de sécurité, recherche par les clubs d’une véritable clientèle, hausse du prix des places, etc ...). Si la majeure partie de ces transformations n’affectent pas encore les clubs français, ou alors dans une très faible mesure, cela ne saurait tarder.
Ainsi, rien que pour la Coupe du Monde (qui commence dans 1 mois en France, si si !!!!), les droits télés se montent à 50 millions de francs pour une chaîne mais les prix vont exploser puisque pour la prochaine édition en 2002, ils seront de 500 millions, soit 900% d’augmentation en 4 ans. Responsable ? La FIFA bien sûr qui organise l’événement et encaisse tous les droits télé et la majeure partie des recettes sponsoring mais aussi ISL, l’agence marketing de la FIFA qui gère ces droits, ces recettes et le merchandising. En effet, le CFO de Sastre et Platini ne reçoit ni subventions, ni droits télés et se finance à partir de la billetterie et des ses propres sponsors (d’où le ridicule Footix sur votre papier toilette, Jules étant la propriété de MédiaFoot, l’agence marketing de l’équipe de France - entre autre -, la boîte de J.C. Darmon, qui a également ses propres sponsors !!). Dans tous ce bordel, la FIFA a concédé les droits des deux prochaines Coupe du Monde à ISL et au groupe allemand Kirch pour .... 11,9 milliards de francs. Ceux-ci vont donc les revendre aux enchères, pays par pays. Problème, une chaîne française devra donc débourser environ 500 millions pour des matchs du mondial 2002 qui se dérouleront ..... à 5 h du mat, eh oui, car elle a bien lieu en Corée et au Japon. D’où un faible audimat, donc peu de ressources publicitaires, certains matchs ne seront ainsi probablement visibles que sur des chaînes à péage ou par satellites.
On n’y peut pas grand-chose me direz-vous, mais les répercussions se font également sentir au niveau national. L’exemple anglais est le plus révélateur. Tous les clubs sont privés, la moitié est cotée en bourse et les droits télés pour les 5 prochaines saisons valent 5,7 milliards de francs. A Manchester United, club symbole de cette évolution, le budget est de 880 millions cette saison. Conséquence ? Pour payer les joueurs et financer les travaux du stade, le prix des billets s’envole (la place la moins chère valait 38 Frs en 1990 contre 147 Frs actuellement et l’abonnement le moins cher vaut 2420 Frs !!). Pour satisfaire ce nouveau public de consommateurs, il est désormais interdit de se lever pendant le match sous peine d’expulsion, un supporter y est ainsi interdit de stade à vie !!! Le merchandising atteint, lui aussi, des sommets. Témoins, les déplacements à Glasgow et Liverpool avec des slips et des balles de golf aux couleurs des clubs, le tout a des prix dignes du racket (500 Frs un maillot).
L’Allemagne a emboîté le pas aux anglais (le Bayern va être coté en bourse, il vend chaque année pour 150 millions - plus que le budget du Racing - de gadgets à son effigie !), alors que l’Italie traîne les pieds (les droits télés augmentent mais le merchandising reste relativement faible). Les clubs italiens comptent sur leurs résidents mécènes (Agnelli et Fiat pour la Juve, Berlusconi au Milan AC, Gori à la Fiorentina) et non pas sur la vente des produits dérivés. Enfin, l’Espagne suit avec les droits télés les plus chers après la Grande Bretagne mais avec de nombreux clubs endettés (760 millions de dettes pour le Réal !!!). Tout ceci pour vous dire ce qui nous attend, mais les clubs français peinent à rester compétitifs (100 joueurs français à l’étranger), le soutien populaire est plus faible qu’ailleurs et surtout les clubs manquent d’argent. Seul Auxerre est propriétaire de son stade, les finances dépendent des subventions collectives locales qui seront supprimées en 2002 et les charges sociales sont plus élevées qu’à l’étranger (en effet, pour payer un joueur 100 Frs, un club français débourse 180 Frs, un club anglais 110 Frs !!). Même si les droits télés augmentent (les droits de Téléfoot ont été multipliés par ..... 50 en dix ans), ils restent 15 fois inférieur à ceux en Angleterre, il va falloir trouver de l’argent. Les recettes aux guichets ne peuvent être augmentées qu’en attirant plus de monde ou en augmentant le prix des places. Pour cela, certains pensent qu’il faut moderniser les stades (comme en Angleterre par exemple, où vous avez des fast-food, restaurants, écrans géants, etc ...). Outre les sponsors, les dirigeants misent également sur le merchandising, mais hormis l’OM et le PSG et peut être Lens, les perspectives paraissent limitées. Enfin, les cotations en bourse feraient rire ailleurs qu’à Marseille ou Paris.
Et à Strasbourg dans tout ça ? Proisy et son équipe ont martelé lors de leur arrivée leur volonté de faire du Racing un pilier du foot français et un club de dimension européenne. Volonté de construire un stade ultramoderne, développer le merchandising, attirer les familles au stade, attirer les sponsors et les grands joueurs. L’exemple pourrait être révélateur d’un club qui veut grandir un peu trop vite en voyant un peu grand et en regardant un peu trop à l’étranger et pas assez sur ses propres fondations. Fini la construction du nouveau stade, vive la location de la Meinau, le merchandising reste ridicule (il est vrai bloqué par un contrat foireux avec Adidas), les sponsors de la saison tout le monde les connaît (bonne affaire quand même pour le patron des radiateurs Adler ....), le changement de logo reste une erreur .... symbolique. Enfin, les prix des abonnements ont augmenté de 10% (ils sont restés stable mais avec 2 matchs en moins sur 19, soit 10% de hausse, CQFD).
Cette évolution paraît évidemment irréversible et profite irrémédiablement au plus riches (télés, sponsors, etc ...), les autres s’accrochent et tentent de suivre, tandis que les supporters, racines du football, qui représentaient il y a 15 ans encore 90% des recettes de leur club (contre 10% actuellement), ne sont donc qu’un moyen comme un autre pour faire rentrer de l’argent. |
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