Fanzine

Les Ultras Grecs

Retour au fanzine

Avant de s’intéresser aux tribunes grecques (NDC : eh oui, c’est un article sur les Ultras grecs ou helléniques si vous préférez), il faut tout d’abord observer le contexte général. La Grèce a connu des années de dictature avec le régime « des colonels » de 1967 à 1981, puis l’arrivée de la gauche au pouvoir avec Papandréeu. Le tout sur fond de guerre contre la Turquie (NDC : à cause de Chypre), de crise économique, de chômage et de corruption. Dans ce contexte, le foot et la passion qu’il suscite devient le moyen d’oublier les problèmes du quotidien.

Les premiers groupes grecs sont apparus vers le début des années 80. Les jeunes se regroupaient alors derrière les buts et ont pris le nom de la tribune dans laquelle ils se trouvaient (Gate 21, Gate 7, etc ...). (NDC : en anglais une porte dans un stade ou un aéroport s’appelle « gate »). Le mouvement grec se caractérise immédiatement par son extrémisme, en fait il s’agit vraiment de fous furieux ! Ce mouvement est unique et assez difficile à caractériser. Leur modèle de référence est l’Angleterre et notamment les fans de Manchester United. A ceci, les grecs rajoutent leurs caractères méditerranéens, plutôt chaud, et le résultat est unique. Les grecs ne s’identifient pas au modèle italien. Il n’y a donc pas de tifo dans les tribunes, ces spectacles étant considérés comme très chers et inutiles. En revanche, on y crame beaucoup beaucoup de torches (à une époque, il suffisait d’aller dans une armurerie pour en trouver). Il n’y a pas de capo dans les tribunes (même si certaines sont équipées de sono), mais il y a des personnages influents, respectés de tous.
Une caractéristique de la Grèce est la violence extrême qui existe entre supporters. Là-bas, les « questions d’hommes » ont une importance capitale, à vrai dire, c’est même tout ce qui compte. Les incidents graves, voire parfois meurtriers, ne sont pas rares. Là-bas comme ailleurs, les autorités n’ont pas pris conscience de l’importance du phénomène dès le début. A présent, ils essaient de combler leur retard, mais ils n’en ont plus vraiment plus moyens. Il faut dire que les Gate sont de véritables camps retranchés entourés de grillages atteignant environ 4 m de haut (NDC : chaque début de match est l’occasion d’escalade de ces grillages sur fond de torche, rarement moins de 20). Les supporters les plus chauds y sont complètement libres, les flics n'entrants dans les Gate que pour des charges (ce qui à coup sûr se termine en pugilat).

Les Gate ne sont pas des groupes très structurés. Certains disposent néanmoins de locaux et de moyen financier assez solides. Ces fonds viennent de vente de T-shirt (bien que le matos sortit par les Gate soit très rare), de carte de membre (plus symbolique qu’autre chose, elle permet au propriétaire d’être assuré d’obtenir un billet pour le match) et surtout de la vente des billets de stade. Ce commerce est tout à fait légal, les Gate vendent les billets à leurs adhérents, charge à eux de reverser l’argent au club en se faisant un bénef au passage (NDC : on propose le même système à Proisy ?). Cet argent servira surtout à financer les déplacements. Que ça soit en championnat ou en coupe d’Europe, les grecs se déplacent en grand nombre (lors de PSG/AEK, il y a deux ans, il y avait environ 4000 grecs au Parc). Avec de tels moyens, les Gate sont de véritables lobbies vis-à-vis du club et de la fédération. Lorsqu’en juin 1988, la fédération décida d’enlever à Larissa sont titre de champion suite à des affaires de dopages, les supporters locaux (Gate 1) déclenchèrent des émeutes, coupèrent le trafic ferroviaire et isolèrent la ville du reste du pays. Finalement, la fédération était revenue sur sa décision. Les incidents dans le pays furent tels qu’en 1989, le gouvernement pris 14 mesures contre le hooliganisme dont la possibilité de faire jouer les matchs à huit - clos pour équipes dont les supporters auraient déclenchés des incidents. Mais ces mesures n’eurent pas vraiment d’effet. Certains supporters suivent aussi les équipes de baskets et il y a donc des incidents dans les salles (NDC : il faut voir quand ils crament des torches dans la salle et qu’ensuite ils les jettent sur le parquet).

Une constante dans les tribunes grecques est l’utilisation massive de drogues. L’alcool est présent partout, mais autrement chaque Gate à une spécialité. LSD et amphet à l’AEK, coke au Panathinaïkos, shit à l’Olympiakos, etc ... Il faut dire que les flics hésitent à interpeller les détenteurs de drogue, sinon c’est l’émeute. En Grèce, les flics sont détestés et sont fréquemment attaqués. Il arrive même que deux Gate rivales s’unissent contre les flics.
Les Gate les plus importants (effectif proche de 5000 mecs) sont soit de la capitale soit de Salonique (la grande ville du nord de la Grèce). Entre les deux citées, la haine est ancestrale, et les matchs entre une équipe athénienne et l’un des deux clubs de Salonique sont souvent le théâtre de sérieux incidents. Il y a trois clubs principaux à Athènes :

¤ l’Olympiakos le Pirée : c’est le club du port d’Athènes. Le groupe s’appelle le Gate 7.
¤ l’AEK : c’est le club populaire d’Athènes. Le groupe s’appelle le Gate 21.
¤ le Panathinaïkos : c’est le club de la bourgeoisie athénienne. Le groupe s’appelle le Gate 13.

Quant à Salonique, il y a un grand club et un, un petit plus modeste :

¤ l’Aris : c’est le plus petit mais les supporters du Gate 3 sont tout de même dangereux.
¤ le PAOK : c’est le plus grand des deux. Le Gate 4 est réputé être le plus dangereux du pays. Ces supporters sont spécialisés dans les attaques à coup de cocktails Molotov ( !!).

Les derbys dans ces deux villes sont très chauds, mais la haine entre les deux villes est telle qu’il arrive que des fans de deux clubs athéniens s’unissent contre ceux du PAOK.

Politiquement, la plupart des Gate sont orientés à l’extrême-droite (voire franchement au nazisme). Il faut dire que les guerres et la haine ancestrale envers la Yougoslavie, la Bulgarie et la Turquie ont exacerbé le nationalisme des grecs. Toutefois, s’il y a quelques anarchistes dans les tribunes (à l’AEK notamment), la tendance générale est très ancrée à droite. Les skins sont très nombreux (NDC : cela doit être le seul pays européen où l’on en trouve encore dans les stades). Les autres clubs grecs possèdent également des Gate mais ceux-là restent plus modestes. On peut signaler le Gate de l’OFI Crète et de Larissa qui sont réputé dangereux. Voici un résumé Gate par Gate :

¤ AEK : Gate 21. Très dangereux avec des tendances politiques plutôt à droite mais avec aussi des anars (NDC : bonjour le mélange).
¤ Aris Salonique : Gate 3. Dangereux et assez actifs avec l’équipe de basket. Tendance extrême-droite.
¤ Panathinaïkos : Gate 13. Dangereux et tendance extrême-droite.
¤ PAOK Salonique : Gate 4. Très très dangereux, avec de nombreux néo-nazis.
¤ Olympiakos le Pirée : Gate 7. Comme d’habitude, très dangereux. Mais comme son collègue athénien de l’AEK, on trouve des supporters d’extrême-droite et des anarchistes.
¤ OFI Crète : Les Snakes. Le groupe de l’île de Crète est le seul ou presque à avoir un nom de groupe « à la mode Ultra ». Ils sont moins nombreux que les autres mais tout de même assez violent.
¤ Larissa : Gate 1. Les membres du groupe sont assez violents.
¤ Heraklion : Gate 13. Ils sont peu nombreux mais ils peuvent être violents quelquefois.

Pour finir, un petit mot sur l’équipe nationale hellénique. Elle n’est pas suivi par les supporters pour la bonne est simple raison, c’est qu’elle n’a jamais rien gagné.
© Ultra Boys 90 - www.ub90.com - Reproduction même partielle interdite